• Couronnés de thym et de marjolaine,
    Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

    Du sentier des bois aux daims familier,
    Sur un noir cheval, sort un chevalier.
    Son éperon d'or brille en la nuit brune ;
    Et, quand il traverse un ravon de lune,
    On voit resplendir, d'un reflet changeant,
    Sur sa chevelure un casque d'argent.

    Couronnés de thym et de...

  • Certes, il n'aimait pas à la façon des hommes,
    Avec des tresses d'or, des roses ou des pommes,
    Depuis que t'ayant vue, ô fille de la Mer,
    Le désir le mordit au coeur d'un trait amer.
    Il t'aimait, Galatée, avec des fureurs vraies ;
    Laissant le lait s'aigrir et sécher dans les claies,
    Oubliant les brebis laineuses aux prés verts,
    Et se souciant peu de l'immense...

  • (Études latines, XV)

    Ô blanche Tyndaris, les Dieux me sont amis
    Ils aiment les Muses Latines ;
    Et l'aneth, et le myrte et le thym des collines
    Croissent aux prés qu'ils m'ont soumis.

    Viens ! mes ramiers chéris, aux voluptés plaintives,
    Ici se plaisent à gémir ;
    Et sous l'épais feuillage il est doux de dormir
    Au bruit des sources fugitives...

  • Depuis le jour antique où germa sa semence,
    Cette forêt sans fin, aux feuillages houleux,
    S'enfonce puissamment dans les horizons bleus
    Comme une sombre mer qu'enfle un soupir immense.

    Sur le sol convulsif l'homme n'était pas né
    Qu'elle emplissait déjà, mille fois séculaire,
    De son ombre, de son repos, de sa colère,
    Un large pan du globe encore...

  • (Études latines, VI)

    En mes coupes d'un prix modique
    Veux-tu tenter mon humble vin ?
    Je l'ai scellé dans l'urne Attique
    Au sortir du pressoir Sabin.
    Il est un peu rude et moderne ;
    Cécube, Calès ni Falerne
    Ne mûrissent dans mon cellier ;
    Mais les Muses me sont amies,
    Et les Muses font oublier
    Ta vigne dorée, ô Formies !

  • Comme le flot des mers ondulant vers les plages,
    Ô bois, vous déroulez, pleins d'arome et de nids,
    Dans l'air splendide et bleu, vos houles de feuillages ;
    Vous êtes toujours vieux et toujours rajeunis.

    Le temps a respecté, rois aux longues années,
    Vos grands fronts couronnés de lianes d'argent ;
    Nul pied ne foulera vos feuilles non fanées :
    Vous...

  • Sur la montagne aux sombres gorges
    Où nul vivant ne pénétra,
    Dans les antres de Lipara
    Hèphaistos allume ses forges.

    Il lève, l'illustre Ouvrier,
    Ses bras dans la rouge fumée,
    Et bat sur l'enclume enflammée
    Le fer souple et le dur acier.

    Les tridents, les dards, les épées,
    Sortent en foule de sa main ;
    Il forge des lances d'...

  • Je pâlis et tombe en langueur :
    Deux beaux yeux m'ont blessé le coeur.

    Rose pourprée et tout humide,
    Ce n'était pas sa lèvre en feu ;
    C'étaient ses yeux d'un si beau bleu
    Sous l'or de sa tresse fluide.

    Je pâlis et tombe en langueur :
    Deux beaux yeux m'ont blessé le coeur.

    Toute mon âme fut ravie !
    Doux étaient son rire et sa voix...

  • Tandis qu'enveloppé des ténèbres premières,
    Brahma cherchait en soi l'origine et la fin,
    La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
    Et son coeur sombre et froid se fondit en lumières.

    Aux pics du Kaîlaça, d'où l'eau vive et le miel
    Filtrent des verts figuiers et des rouges érables,
    D'où le saint Fleuve verse en courbes immuables
    Ses cascades de neige...

  • La lune sous la nue errait en mornes flammes,
    Et la tour de Komor, du Jarle de Kemper,
    Droite et ferme, montait dans l'écume des lames.

    Sous le fouet redoublé des rafales d'hiver
    La tour du vieux Komor dressait sa masse haute,
    Telle qu'un cormoran qui regarde la mer.

    Un grondement immense enveloppait la côte.
    Sur les flots palpitaient, blêmes...