• Du haut de la côte pelée
    Je l'aperçus courant, marchant,
    Sinueuse, dans la vallée,
    En plein soleil ou se cachant
    Derrière un arbre, son ombrelle,
    Ou dans un rideau de millet ;
    Et lorsque j'arrivai près d'elle,
    Sur son gravier elle riait.

    " Trois ponts, dit-elle, pour un mille
    De ce grand chemin poussiéreux !
    Les arpenteurs, gent...

  • LES LACS

    Les lacs, dans leurs paumes rondes noient le visage du Ciel :

    J'ai tourné la sphère pour observer le Ciel.

    Les lacs, frappés d'échos fraternels en nombre douze :

    J'ai fondu les douze cloches qui fixent les tons musicaux.

    *

    Lac mouvant, firmament liquide à l'envers, cloche musicale,

    Que l'homme recevant mes...

  • Sous ce large peuplier par trois fois trois je tourne,
    J'y basty un autel de trois fois trois gazons,
    J'y apporte du feu de trois fois trois tisons,
    Et trois fois trois grillons pour y brusler j'adjourne :

    Par trois fois trois encor y verser je retourne
    Trois fois trois pots de laict, trois fois trois poils grisons
    Je croise tout autour, trois fois...

  • A M. Bertrand, pour le remercier de l'accueil tout...
    évangélique qu'il m'a fait dans ses bureaux du Patriote.

    Quand les nouveau-nés, en leurs langes
    Dorment sur les bras des marraines
    Tels, de doux et blonds petits anges
    Tombés des étoiles sereines
    Digue digue dig, digue digue don !
    Chante aux enfançons le grand carillon
    Digue digue dig, digue...

  • Hier après dîner, trois heures environ,
    Je surpris en dormant dans sa chambre m'amie.
    La perleuse sueur de sa face endormie
    Allait le long du sein roulante en son giron.

    Cupidon l'éventait avec son aileron,
    Son sein et sa poitrine était nue à demie,
    Tellement qu'on voyait sur sa glace affermie
    Ainsi qu'un mont de lait son tétin ferme et rond....

  • De vous gronder je n'ai plus le courage,
    Enfants ! ma voix s'enferme trop souvent.
    Vous grandissez, impatients d'orage ;
    Votre aile s'ouvre, émue au moindre vent.
    Affermissez votre raison qui chante ;
    Veillez sur vous comme a fait mon amour ;
    On peut gronder sans être bien méchante :
    Embrassez-moi, grondez à votre tour.

    Vous n'êtes plus la sauvage...

  • Filippa, Faïs, Esclarmonde,
    Les plus rares, que l'on put voir,
    Beautés du monde ;

    Mais toi si pâle encor d'avoir
    Couru la lune l'autre soir
    Aux quatre rues,

    Écoute : au bruit noir des chansons
    Satan flagelle tes soeurs nues ;
    Viens, et dansons.

  • Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
    Je me suis promené dans le petit jardin
    Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
    Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

    Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
    De vigne folle avec les chaises de rotin...
    Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
    Et le vieux tremble sa plainte...

  • Gris, tanné, noir, porte la fleur des fleurs
    Pour sa livrée, avec regrets et pleurs :
    Pleurs et regrets en son coeur elle enferme,
    Mais les couleurs dont ses vêtements ferme
    (Sans dire mot) exposent ses douleurs.

    Car le noir dit la fermeté des coeurs ;
    Gris, le travail ; et tanné, les langueurs ;
    Par ainsi c'est, Langueur en Travail ferme,
    Gris,...

  • Entends la chanson de l'eau...
    Comme il pleut, comme il pleut vite !
    Il semble que des grelots
    Dans la gouttière s'agitent.

    A l'abri dans ton dodo
    Entends la chanson de l'eau !

    Entends la chanson du vent...
    Comme les branches s'agitent !
    Les nids d'oiseaux, bien souvent,
    Sont bercés, bercés trop vite.

    A l'abri des...