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    Dans les vieilles forêts où la sève à grands flots
    Court du fût noir de l’aulne au tronc blanc des bouleaux,
    Bien des fois, n’est-ce pas ? à travers la clairière,
    Pâle, effaré, n’osant regarder en arrière,
    Tu t’es hâté, tremblant et d’...

  • Qu’il est doux d’être au monde, et quel bien que la vie !
    Tu le disais ce soir par un beau jour d’été.
    Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
    Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

    Nos chevaux, au soleil, foulaient l’herbe fleurie.
    Et moi, silencieux, courant à ton côté,
    Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
    Mais dans le fond du coeur je...

  • Oh ! redis-les encor ces paroles dorées ;
    Rends-nous ces flots si purs qui s’épanchaient sur nous,
    Rends-nous l’écho lointain de ces hymnes sacrées
    Que le chrétien ne doit entendre qu’à genoux.

    Hélas ! qui t’a si jeune enseigné ces mystères
    Et toutes ces douleurs du pauvre cœur humain ?
    Quel génie au milieu des sentiers solitaires
    Au sortir du berceau...

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          Tenir la lumière asservie
          Lorsqu’elle voudrait s’envoler,
               Et voler
          A Dieu le secret de la vie ;

          Pour les mélanger sur des toiles
          Dérober même aux cieux vengeurs
               Leurs rougeurs
          Et le blanc frisson des étoiles ;

          Comme on cueille une fleur éclose,
          Ravir à l’Orient...

  • Alfred, j’ai vu des jours où nous vivions en frères,
    Servant les mêmes dieux aux autels littéraires :
    Le ciel n’avait formé qu’une âme pour deux corps ;
    Beaux jours d’épanchement, d’amour et d’harmonie,
    Où ma voix à la tienne incessamment unie
    Allait se perdre au ciel en de divins accords.

    Qui de nous a changé ? Pourquoi dans la carrière...

  • Non, mon cher, Dieu merci ! pour trois mots de critique
    Je ne me suis pas fait poète satirique ;
    Mon silence n’est pas, quoiqu’on puisse en douter,
    Une prétention de me faire écouter.
    Je puis bien, je le crois, sans crainte et sans envie,
    Lorsque je vois tomber la muse évanouie
    Au milieu du fatras de nos romans mort-nés,
    Lui brûler, en passant, ma...

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          Que de fois sous les tilleuls,
               Tous deux seuls
          Avec ma maîtresse blonde,
          Ton livre m’a fait songer,
                Étranger
          A tout le reste du monde !

          Je m’alanguissais, à voir
               Son œil noir,
          Et, me répétant : Je t’aime !
          Sans songer au lendemain,
               Dans sa...

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          Grâce aux Dalilas,
          Nos rimeurs sont las
               De gloire,
          Et, comme un hochet,
          Ont jeté l’archet
               D’ivoire !

          Au rhythme ailé d’or
          Il fallait encor
               Un maître
          Fou de volupté,
          Alors j’ai dompté
               Le Mètre !

          J’ai repris mon luth,...

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    Ami, la passion du Verbe et de ses lois
    Nous obsède tous deux. Toi, d’une oreille austère,
    Tu scrutes savamment le son dépositaire
    Du génie et du cœur des hommes d’autrefois ;

    Tu sais sur quel passage appuie ou court la voix,
    Sous quelle fixe règle un mot vibre et s’altère.
    Moi qui, sans le sonder, jouis de ce mystère,
    Je nombre le langage en...

  • Poète, il est fini l'âpre temps des épreuves.
    Quitte nos solitudes veuves,
    Et dors, libre et pensif, bercé par tes grands fleuves !

    Au milieu des brumes d'Arvor
    Repose ! Ta chanson va retentir encor
    Sur la lande où sont les fleurs d'or.

    Heureux qui resta pur en ces âges profanes !
    Longtemps les jeunes paysannes
    Répéteront tes vers, de Tréguier...