• Si d'un mot échappé l'outrageuse rudesse
    A pu blesser l'amour et sa délicatesse,
    Immobile il gémit, songe à tout expier.
    Sans honte, sans réserve, il faut s'humilier
    Églé, tombe à genoux, bien loin de te défendre ;
    Tu le verras soudain plus amoureux, plus tendre,
    Courir et t'arrêter, et lui-même à genoux
    Accuser en pleurant son injuste courroux.
    ...

  • Ma Muse pastorale aux regards des Français
    Osait ne point rougir d'habiter les forêts.
    Elle eût voulu montrer aux belles de nos villes
    La champêtre innocence et les plaisirs tranquilles ;
    Et, ramenant Palès des climats étrangers,
    Faire entendre à la Seine enfin de vrais bergers.
    Elle a vu, me suivant dans mes courses rustiques,
    Tous les lieux illustrés...

  • Il n'est donc plus d'espoir, et ma plainte perdue
    A son esprit distrait n'est pas mème rendue !
    Couchons-nous sur sa porte. Ici, jusques au jour
    Elle entendra les pleurs d'un malheureux amour.
    Mais, non... Fuyons... Une autre avec plaisir tentée
    Prendra soin d'accueillir ma flamme rebutée,
    Et de mes longs tourments pour consoler mon coeur...
    Mais plutôt...

  • J'étais un faible enfant qu'elle était grande et belle ;
    Elle me souriait et m'appelait près d'elle.
    Debout sur ses genoux, mon innocente main
    Parcourait ses cheveux, son visage, son sein,
    Et sa main quelquefois, aimable et caressante,
    Feignait de châtier mon enfance imprudente.
    C'est devant ses amants, auprès d'elle confus,
    Que la fière beauté me...

  • Ah ! ce n'est point à moi qu'on s'occupe de plaire.
    Ma soeur plus tôt que moi dut le jour à ma mère.
    Si quelques beaux bergers apportent une fleur,
    Je sais qu'en me l'offrant ils regardent ma soeur ;
    S'ils vantent les attraits dont brille mon visage,
    Ils disent à ma soeur : " C'est ta vivante image. "
    Ah ! pourquoi n'ai-je encore vu que douze moissons ?...

  • Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
    Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
    Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine !
    Un vaisseau la portait aux bords de Camarine :
    Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
    Devaient la reconduire au seuil de son amant.
    Une clef vigilante a, pour cette journée,
    Sous le cèdre enfermé sa robe d'hyménée...

  • Quand l'ardente saison fait aimer les ruisseaux,
    A l'heure où vers le soir, cherchant le frais des eaux,
    La belle nonchalante à l'ombre se promène,
    Que sa bouche entr'ouverte et que sa pure haleine
    Et son sein plus ému de tendresse et de voeux
    Appellent les baisers et respirent leurs feux ;
    Que l'amant peut venir, et qu'il n'a plus à craindre
    La raison...

  • Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire
    Sait, à te voir parler et rougir et sourire,
    De quels hôtes divins le ciel est habité.
    La grâce, la candeur, la naïve innocence
    Ont, depuis ton enfance,
    De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté.

    Sur tes traits, où ton âme imprime sa noblesse,
    Elles ont su mêler aux roses de jeunesse
    Ces roses...

  • Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose,
    A votre fuite en vain un long regret s'oppose.
    Beaux jours, quoique, souvent obscurcis de mes pleurs,
    Vous dont j'ai su jouir même au sein des douleurs,
    Sur ma tête bientôt vos fleurs seront fanées ;
    Hélas ! bientôt le flux des rapides années
    Vous aura loin de moi fait voler sans retour.
    Oh ! si du...

  • Fragments


    Magellan, fils du Tage, et Drake et Bougainville
    Et l'Anglais dont Neptune aux plus lointains climats
    Reconnaissait la voile et respectait les pas.
    Le Cancer sous les feux de son brûlant tropique
    L'attire entre l'Asie et la vaste Amérique,
    En des ports où jadis il entra le premier.
    Là l'insulaire ardent, jadis hospitalier,
    L'...