• Laisse les nuages blancs passer au soleil.
    Il n’y a ici que toi, la terre et le ciel.
    Ne pense à presque rien. Douces comme du miel,

    auprès des cressons bleus les brebis viendront boire.
    La fille chantera dans la métairie noire,
    et sur la terre tiède il tombera des poires.

    La vieille tremblera sur le rouet tremblant,
    le bélier bêlera dans le...

  •  
    « Laisse-moi à mon illusion, »
    Dit l’esprit au monde,
    « C’est elle qui, sur mon fragile esquif,
    C’est elle qui me soutient. »

    Laisse mon âme courir,
    Poursuivre un but éloigné,
    Croire beaucoup, beaucoup raisonner
    Sur des données obscures.

    Rien de cela n’est vrai, sans doute ;
    Mais il n’y a pas de temps perdu,
    Votre système du...

  • Toi qui ris de nos coeurs prompts à se déchirer,
    Rends-nous notre ignorance, ou laisse-nous pleurer !
    Promets-nous à jamais le soleil, la nuit même,
    Oui, la nuit à jamais, promets-la-moi ! Je l'aime,
    Avec ses astres blancs, ses flambeaux, ses sommeils,
    Son rêve errant toujours et toujours ses réveils,
    Et toujours, pour calmer la brûlante insomnie,
    D'un monde...

  • Laisse dire la calomnie
    Qui ment, dément, nie et renie
    Et la médisance bien pire
    Qui ne donne que pour reprendre
    Et n'emprunte que pour revendre...
    Ah ! laisse faire, laisse dire !

    Faire et dire lâches et sottes,
    Faux gens de bien, feintes mascottes,
    Langues d'aspic et de vipère ;
    Ils font des gestes hypocrites,
    Ils clament, forts de...

  • Oh ! laisse frapper à la porte
    La main qui passe avec ses doigts futiles ;
    Notre heure est si unique, et le reste qu'importe ;
    Le reste avec ses doigt futiles.

    Laisse passer, par le chemin,
    La triste et fatigante joie,
    Avec ses crécelles en main.

    Laisse monter, laisse bruire
    Et s'en aller le rire ;
    Laisse passer la foule et ses...

  • Non, laisse-moi, je t'en supplie ;
    En vain, si jeune et si jolie,
    Tu voudrais ranimer mon coeur :
    Ne vois-tu pas, à ma tristesse,
    Que mon front pâle et sans jeunesse
    Ne doit plus sourire au bonheur ?

    Quand l'hiver aux froides haleines
    Des fleurs qui brillent dans nos plaines
    Glace le sein épanoui,
    Qui peut rendre à la feuille morte
    ...