• Nuages qu'un beau jour à présent environne,
    Au-dessus de ces champs de jeune blé couverts,
    Vous qui m'apparaissez sur l'azur monotone,
    Semblables aux voiliers sur le calme des mers ;

    Vous qui devez bientôt, ayant la sombre face
    De l'orage prochain, passer sous le ciel bas,
    Mon coeur vous accompagne, ô coureurs de l'espace !
    Mon coeur qui vous...

  • Ne dites pas : la vie est un joyeux festin ;
    Ou c'est d'un esprit sot ou c'est d'une âme basse.
    Surtout ne dites point : elle est malheur sans fin ;
    C'est d'un mauvais courage et qui trop tôt se lasse.

    Riez comme au printemps s'agitent les rameaux,
    Pleurez comme la bise ou le flot sur la grève,
    Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ;
    Et...

  • Dans les jardins mouillés, parmi les vertes branches,
    Scintille la splendeur des belles roses blanches.

    La chenille striée et les noirs moucherons
    Insultent vainement la neige de leurs fronts :
    Car, lorsque vient la nuit traînant de larges voiles,
    Que s'allument au ciel les premières étoiles,
    Dans les berceaux fleuris, les larmes des lutins
    Lavent toute...

  • Substance de Cybèle, ô branches, ô feuillages,
    Aériens berceaux des rossignols sauvages,
    L'ombre est déjà menue à vos faîtes rompus,
    Languissants vous pendez et votre vert n'est plus.
    Et moi je te ressemble, automnale nature,
    Mélancolique bois où viendra la froidure.

    Je me souviens des jours que mon jeune printemps
    Ses brillantes couleurs remirait aux...

  • Parmi des chênes, accoudée
    Sur la colline au vert gazon,
    Se dresse la blanche maison,
    De chèvrefeuille enguirlandée.

    A la fenêtre, où dans des pots,
    Fleurit la pâle marguerite,
    Soupire une autre Marguerite :
    Mon coeur a perdu son repos...

    Le lin moule sa gorge plate
    Riche de candides aveux,
    Et la splendeur de ses cheveux
    Ainsi...

  • L'eau qui jaillit de ce double rocher
    Remplit ce long bassin d'une onde trépillante ;
    Les frênes, les ormeaux, où viennent se percher
    Linottes et serins,
    Lui font une voûte ondoyante
    Qui garde mieux qu'un toit
    De tuiles, lorsque ainsi Sirius pique droit.

    Viens goûter la fraîcheur de cette onde secrète,
    Ô chère Enone, jette
    Et tissus et...

  • La feuille des forêts
    Qui tourne dans la bise
    Là-bas, par les guérets,
    La feuille des forêts
    Qui tourne dans la bise,
    Va-t-elle revenir
    Verdir - la même tige ?

    L'eau claire des ruisseaux
    Qui passe claire et vive
    A l'ombre des berceaux,
    L'eau claire des ruisseaux
    Qui passe claire et vive,
    Va-t-elle retourner
    Baigner - la...

  • L'éclair illuminait la nuit de ses beaux feux,
    A la vitre déjà retentissait l'orage,
    Plein d'angoisse le temps rampait entre nous deux,
    Et j'étais là pareil à quelque sombre image.

    Tu te berçais au son de ta plaintive voix,
    Mais j'osais supputer et ta faute et la mienne,
    Et dans mon coeur, c'était comme une affreuse poix
    Toute cette clarté de notre vie...

  • Les branches en arceaux quand le printemps va naître,
    Les ronces sur le mur, le pâturage herbeux,
    Les sentiers de mulets, et cet homme champêtre
    Qui, pour fendre le sol, guide un couple de boeufs,

    La nuit sur la jetée où le phare s'allume,
    Et l'horizon des flots lorsque le jour paraît ; -
    Qu'importe ! Je respire, ô ville, dans ta brume,
    La montagne et...

  • Belle lune d'argent, j'aime à te voir briller
    Sur les mâts inégaux d'un port plein de paresse,
    Et je rêve bien mieux quand ton rayon caresse,
    Dans un vieux parc, le marbre où je viens m'appuyer.

    J'aime ton jeune éclat et tes beautés fanées,
    Tu me plais sur un lac, sur un sable argentin,
    Et dans la vaste nuit de la plaine sans fin,
    Et dans mon cher Paris...