Cité d'Auxerre, aimée et renommée,
Ceux de Paris souvent t'ont habitée
Pour le beau lieu et aussi pour la grume
Dont ton haut bruit plus vaut qu'on ne le plume.
Tu as bon vin, bonne eau, bon blé, bon pain,
Aussi tu as le corps de saint Germain,
Et cil qui veut dévotement s'ébattre
Soudain verra l'église saint Amatre ;
D'autres corps saints...
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Je suis Paris, cité de renommée,
Rien ne me fault ; de Dieu suis gouvernée
Auprès des blés suis, et près des prairies,
De beaux jardins, bois et forêts fleuries ;
Dessous y a la rivière de Seine,
Laquelle on tient à un chacun bien saine.
Outre, visez le noble Parlement,
Où l'on peut voir faire bon jugement ;
De nuit le guet punit les malfaiteurs... -
Après qu'Amour par trop mortelle atteinte
M'eut fait au coeur une plaie piteuse,
Et qu'il connut que sa flamme amoureuse
Etait en moi bien ardemment empreinte :
Il retira sa flèche en mon sang teinte,
Laissant en moi son humeur venimeuse :
Mais ma maîstresse (hélas) trop rigoureuse,
Il ne toucha seulement que par feinte.
Or pour fuir... -
Quand près de toi le travail je repose,
Seule en ce monde image de merveille,
Du long souci, qui mon penser réveille,
Et qu'Amour dicte au parler quelque chose,
Je vois ta face en teint naïf de rose,
Être à la blanche, ou la rouge pareille,
Ore pâlir, puis devenir vermeille,
Tant au changeant ta couleur se dispose.
Vois que quand l'air... -
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
Maintenant que la nuit, d'une grande ombre obscure,
Fait à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.
Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
Et me fait plus sentir la peine que j'endure.
Viens, Sommeil, l'assoupir et la rendre moins dure,
Viens abuser mon... -
Puisque je vois que mes afflictions
Sont au plus haut degré de leur effort,
Et que le Ciel conjuré à ma mort
A tout malheur me guide,
Regrets, soupirs, plaints, pleurs, et passions,
Je vous lâche la bride.
Je n'ai espoir que mon cri entendu
Puisse adoucir la fière cruauté
De ma déesse, et dame de beauté,
Mais ce mal me console,
Que... -
A cet anneau parfait en forme ronde,
Ensemble et toi, et moi, je parangonne.
La foi le clôt : la foi ne m'abandonne.
Son teint est d'or : moins que l'or tu n'es blonde.
S'il est semé de larmes : trop abonde
L'humeur en moi, qui proie au deuil me donne.
Si un écrit au dedans l'environne
Tu m'es au coeur en gravure profonde.
Sa foi retient... -
Des yeux auxquels ainsi, qu'en un Trophée
L'arc, et les traits d'Amour sont amassés :
Des cheveux d'or, crêpés, et enlacés
D'une coiffure en fin or étoffée
Et de la main, qui rendait échauffée
La volonté des fiers coeurs englacés :
Et des doux mots doucement prononcés,
Fut dessus moi victoire triomphée.
Ô de beauté céleste simulacre... -
Quand elle vit à la Mort déployer
L'impiteux trait pour son voisin occire,
En permettant à la pitié d'élire
Siège en son coeur, se prit à larmoyer.
Et tant de traits, qu'Amour vint employer,
Pour me contraindre en infini martyre
Mourir toujours, n'ont jamais pu suffire,
Pour à pitié, tant soit peu, la ployer.
Bien mille morts, morts de... -
La haute Idée à mon univers mère,
Si hautement de nul jamais comprise,
M'est à présent ténébreuse Chimère.
Le tout, d'où fut toute ma forme prise,
Plus de mon tout, de mon tout exemplaire,
M'est simplement une vaine feintise.
Ce qui soulait mon imparfait parfaire
Par son parfait, sa force a retirée,
Pour mon parfait en imparfait refaire...