• Un plus savant que moi, Paschal, ira songer
    Avecques l'Ascréan dessus la double cime :
    Et pour être de ceux dont on fait plus d'estime,
    Dedans l'onde au cheval tout nu s'ira plonger.

    Quant à moi, je ne veux, pour un vers allonger,
    M'accourcir le cerveau : ni pour polir ma rime,
    Me consumer l'esprit d'une soigneuse lime,
    Frapper dessus ma table ou mes...

  • Plus qu'aux bords Aetëans le brave fils d'Eson,
    Qui par enchantement conquit la riche laine,
    Des dents d'un vieux serpent ensemençant la plaine
    N'engendra de soldats au champ de la toison,

    Cette ville, qui fut en sa jeune saison
    Un hydre de guerriers, se vit bravement pleine
    De braves nourrissons, dont la gloire hautaine
    A rempli du Soleil l'une et l'...

  • De voir mignon du roi un courtisan honnête,
    Voir un pauvre cadet l'ordre au col soutenir,
    Un petit compagnon aux états parvenir,
    Ce n'est chose, Morel, digne d'en faire fête.

    Mais voir un estafier, un enfant, une bête,
    Un forfant, un poltron cardinal devenir,
    Et pour avoir bien su un singe entretenir
    Un Ganymède avoir le rouge sur la tête :
    ...

  • Tu m'as fait un chapeau de roses
    Qui semblent tes deux lèvres closes,
    Et de lis fraîchement cueillis
    Qui semblent tes beaux doigts polis,
    Les liant d'un fil d'or ensemble,
    Qui à tes blonds cheveux ressemble.
    Mais si, jeune, tu entendais
    L'ouvrage qu'ont tissu tes doigts,
    Tu ferais, peut être, plus sage
    A prévoir, ton futur dommage.
    Ces...

  • Comme on passe en été le torrent sans danger,
    Qui soulait en hiver être roi de la plaine,
    Et ravir par les champs d'une fuite hautaine
    L'espoir du laboureur et l'espoir du berger :

    Comme on voit les couards animaux outrager
    Le courageux lion gisant dessus l'arène,
    Ensanglanter leurs dents, et d'une audace vaine
    Provoquer l'ennemi qui ne se peut venger...

  • En ce mois délicieux,
    Qu'amour toute chose incite,
    Un chacun à qui mieux mieux
    La douceur' du temps imite,
    Mais une rigueur dépite
    Me fait pleurer mon malheur.
    Belle et franche Marguerite
    Pour vous j'ai cette douleur.
    Dedans votre oeil gracieux
    Toute douceur est écrite,
    Mais la douceur de vos yeux
    En amertume est confite,
    ...

  • Mars, vergogneux d'avoir donné tant d'heur
    A ses neveux que l'impuissance humaine
    Enorgueillie en l'audace romaine
    Semblait fouler la céleste grandeur,

    Refroidissant cette première ardeur,
    Dont le Romain avait l'âme si pleine,
    Souffla son feu, et d'une ardente haleine
    Vint échauffer la gothique froideur.

    Ce peuple adonc, nouveau fils de la...

  • Toi qui de Rome émerveillé contemples
    L'antique orgueil, qui menaçait les cieux,
    Ces vieux palais, ces monts audacieux,
    Ces murs, ces arcs, ces thermes et ces temples,

    Juge, en voyant ces ruines si amples,
    Ce qu'a rongé le temps injurieux,
    Puisqu'aux ouvriers les plus industrieux
    Ces vieux fragments encor servent d'exemples.

    Regarde après,...

  • Sur la croupe d'un mont je vis une fabrique
    De cent brasses de haut : cent colonnes d'un rond
    Toutes de diamant ornaient le brave front :
    Et la façon de l'oeuvre était à la dorique.

    La muraille n'était de marbre ni de brique
    Mais d'un luisant cristal, qui du sommet au fond
    Elançait mille rais de son ventre profond
    Sur cent degrés dorés du plus fin or d'...

  • Maraud, qui n'es maraud que de nom seulement,
    Qui dit que tu es sage, il dit la vérité :
    Mais qui dit que le soin d'éviter pauvreté
    Te ronge le cerveau, ta face le dément.

    Celui vraiment est riche et vit heureusement
    Qui, s'éloignant de l'une et l'autre extrémité,
    Prescrit à ses désirs un terme limité :
    Car la vraye richesse est le contentement.
    ...