• Prélat, à qui les cieux ce bonheur ont donné
    D'être agrable aux rois : prélat, dont la prudence
    Par les degrés d'honneur a mis en vidence
    Que pour le bien public Dieu t'avait ordonné :

    Prélat, sur tous prélats sage et bien fortuné,
    Prélat, garde des lois et des sceaux de la France,
    Digne que sur ta foi repose l'assurance
    D'un roi le plus grand roi qui...

  • Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,
    Ceux qui aiment l'honneur, chanteront de la gloire,
    Ceux qui sont près du roi, publieront sa victoire,
    Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront,

    Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,
    Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,
    Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,
    Ceux qui...

  • Heureux, de qui la mort de sa gloire est suivie,
    Et plus heureux celui dont l'immortalité
    Ne prend commencement de la postérité,
    Mais devant que la mort ait son âme ravie.

    Tu jouis (mon Ronsard), même durant ta vie,
    De l'immortel honneur que tu as mérité :
    Et devant que mourir (rare félicité)
    Ton heureuse vertu triomphe de l'envie.

    Courage...

  • Si fruits, raisins et blés, et autres telles choses,
    Ont leur tronc, et leur cep, et leur semence aussi,
    Et s'on voit au retour du printemps adouci
    Naître de toutes parts violettes et roses :

    Ni fruits, raisins, ni blés, ni fleurettes décloses
    Sortiront, viateur, du corps qui gît ici :
    Aulx, oignons, et porreaux, et ce qui fleure ainsi,
    Auront ici...

  • Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l'entends,
    Ferai-je encore ici plus longue demeurance,
    Ou si j'irai revoir les campagnes de France,
    Quand les neiges fondront au soleil du printemps ?

    Si je demeure ici, hélas, je perds mon temps
    A me repaître en vain d'une longue espérance :
    Et si je veux ailleurs fonder mon assurance,
    Je fraude mon labeur du loyer...

  • Je me ferai savant en la philosophie,
    En la mathématique et médecine aussi :
    Je me ferai légiste, et d'un plus haut souci
    Apprendrai les secrets de la théologie :

    Du luth et du pinceau j'ébatterai ma vie,
    De l'escrime et du bal. Je discourais ainsi,
    Et me vantais en moi d'apprendre tout ceci,
    Quand je changeai la France au séjour d'Italie.

    O...

  • Qu'heureux tu es, Baïf, heureux, et plus qu'heureux,
    De ne suivre abusé cette aveugle déesse,
    Qui d'un tour inconstant et nous hausse et nous baisse,
    Mais cet aveugle enfant qui nous fait amoureux !

    Tu n'éprouves, Baïf, d'un maître rigoureux
    Le sévère sourcil : mais la douce rudesse
    D'une belle, courtoise et gentille maîtresse,
    Qui fait languir ton...

  • C'était ores, c'était qu'à moi je devais vivre,
    Sans vouloir être plus que cela que je suis,
    Et qu'heureux je devais de ce peu que je puis
    Vivre content du bien de la plume et du livre.

    Mais il n'a plu aux dieux me permettre de suivre
    Ma jeune liberté, ni faire que depuis
    Je vécusse aussi franc de travaux et d'ennuis,
    Comme d'ambition j'étais franc et...

  • Je ne suis pas de ceux qui robent la louange,
    Fraudant indignement les hommes de valeur,
    Ou qui, changeant la noire à la blanche couleur,
    Savent, comme l'on dit, faire d'un diable un ange.

    Je ne fais point valoir, comme un trésor étrange,
    Ce que vantent si haut nos marcadants d'honneur,
    Et si ne cherche point que quelque grand seigneur
    Me baille...

  • De ce qu'on ne voit plus qu'une vague campagne
    Où tout l'orgueil du monde on a vu quelquefois,
    Tu n'en es pas coupable, ô quiconque tu sois
    Que le Tigre et le Nil, Gange et Euphrate baigne :

    Coupables n'en sont pas l'Afrique ni l'Espagne,
    Ni ce peuple qui tient les rivages anglais,
    Ni ce brave soldat qui boit le Rhin gaulois,
    Ni cet autre guerrier,...