• Si l'aveugle fureur, qui cause les batailles,
    Des pareils animaux n'a les coeurs allumés,
    Soit ceux qui vont courant ou soit les emplumés,
    Ceux-là qui vont rampant ou les armés d'écailles :

    Quelle ardente Erinnys de ses rouges tenailles
    Vous pincetait les coeurs de rage envenimés,
    Quand si cruellement l'un sur l'autre animés
    Vous détrempiez le fer en...

  • Ne vous pouvant donner ces ouvrages antiques
    Pour votre Saint-Germain ou pour Fontainebleau,
    Je vous les donne, Sire, en ce petit tableau
    Peint, le mieux que j'ai pu, de couleurs poétiques :

    Qui mis sous votre nom devant les yeux publiques,
    Si vous le daignez voir en son jour le plus beau,
    Se pourra bien vanter d'avoir hors du tombeau
    Tiré des vieux...

  • Comme l'on voit de loin sur la mer courroucée
    Une montagne d'eau d'un grand branle ondoyant,
    Puis traînant mille flots, d'un gros choc aboyant
    Se crever contre un roc, où le vent l'a poussée :

    Comme on voit la fureur par l'Aquilon chassée
    D'un sifflement aigu l'orage tournoyant,
    Puis d'une aile plus large en l'air s'esbanoyant
    Arrêter tout à coup sa...

  • Quiconque, mon Bailleul, fait longuement séjour
    Sous un ciel inconnu, et quiconques endure
    D'aller de port en port cherchant son aventure,
    Et peut vivre étranger dessous un autre jour :

    Qui peut mettre en oubli de ses parents l'amour,
    L'amour de sa maîtresse, et l'amour que nature
    Nous fait porter au lieu de notre nourriture,
    Et voyage toujours sans...

  • Pâles esprits, et vous ombres poudreuses,
    Qui jouissant de la clarté du jour
    Fîtes sortir cet orgueilleux séjour,
    Dont nous voyons les reliques cendreuses :

    Dites, esprits (ainsi les ténébreuses
    Rives de Styx non passable au retour,
    Vous enlaçant d'un trois fois triple tout,
    N'enferment point vos images ombreuses),

    Dites-moi donc (car quelqu'...

  • Je ne veux feuilleter les exemplaires Grecs,
    Je ne veux retracer les beaux traits d'un Horace,
    Et moins veux-je imiter d'un Pétrarque la grâce,
    Ou la voix d'un Ronsard, pour chanter mes Regrets.

    Ceux qui sont de Phoebus vrais poètes sacrés
    Animeront leurs vers d'une plus grande audace :
    Moi, qui suis agité d'une fureur plus basse,
    Je n'entre si avant en...

  • Plus riche assez que ne se montrait celle
    Qui apparut au triste Florentin,
    Jetant ma vue au rivage latin,
    Je vis de loin surgir une nacelle :

    Mais tout soudain la tempête cruelle,
    Portant envie à si riche butin,
    Vint assaillir d'un aquilon mutin
    La belle nef des autres la plus belle.

    Finalement l'orage impétueux
    Fit abîmer d'un gouffre...

  • Cousin, parle toujours des vices en commun,
    Et ne discours jamais d'affaires à la table,
    Mais surtout garde-toi d'être trop véritable,
    Si en particulier tu parles de quelqu'un.

    Ne commets ton secret à la foi d'un chacun,
    Ne dis rien qui ne soit pour le moins vraisemblable
    Si tu mens, que ce soit pour chose profitable
    Et qui ne tourne point au...

  • Si nostre vie est moins qu'une journée
    En l'eternel, si l'an qui faict le tour
    Chasse nos jours sans espoir de retour,
    Si périssable est toute chose née,

    Que songes-tu, mon ame emprisonnée ?
    Pourquoy te plaist l'obscur de nostre jour,
    Si pour voler en un plus cler sejour,
    Tu as au dos l'aele bien empanée ?

    La, est le bien que tout esprit...

  • Je vis sourdre d'un roc une vive fontaine,
    Claire comme cristal aux rayons du soleil,
    Et jaunissant au fond d'un sablon tout pareil
    A celui que Pactol roule parmi la plaine.

    Là semblait que nature et l'art eussent pris peine
    D'assembler en un lieu tous les plaisirs de l'oeil :
    Et là s'oyait un bruit incitant au sommeil,
    De cent accords plus doux que...