• Lorsque la douce nuit, comme une douce amante,
    S'avance pas à pas, à la chute du jour,
    S'avance dans le ciel, tendre, timide et lente,
    Toute heureuse d'un fol amour ;

    Lorsque les feux muets sortent du ciel propice,
    Pointillent dans la nuit, discrets, étincelants,
    Eparpillent au loin leurs gerbes d'artifices,
    Dans les espaces purs et blancs ;
    ...

  • Jamais coupe d'opale, où boivent les abeilles,
    Jamais perle d'azur, étoilant nos corbeilles,
    Ou vivant de notre air dans l'air vivant des blés,
    N'ont agi plus longtemps sur mes songes troublés,
    Que ce fantôme noir d'une plante momie,
    Dans son champ souterrain six mille ans endormie.
    Les jeunes soeurs d'hier, opulentes ou non,
    Ont toutes des couleurs,...

  • Il existe un oiseau, dont le pâle plumage,
    Des forêts du tropique étonne la gaieté ;
    Seul sur son arbre en deuil, les pleurs de son ramage
    Font gémir de la nuit le silence attristé.

    Le choeur ailé des airs, loin de lui rendre hommage,
    Insulte, en le fuyant, à sa fatalité ;
    Lui-même se fuirait, en voyant son image
    Poignardé de naissance, il naît...

  • C'était l'heure agréable où le jour qui décline
    Ramène la fraîcheur de la brise marine,
    Où l'on respire en paix : c'était un soir d'été.
    Le soleil semblait fuir avec rapidité,
    Et, prêt à se cacher, le soleil, qui peut-être
    Dans ce funeste jour n'aurait pas dû paraître,
    Éclaira tout à coup d'un rayon solennel
    Le front humilié du jeune criminel.
    Au...

  • La brise émeut les rameaux bruns,
    L'aube déjà blanchit le store ;
    Tout devient rose, c'est l'aurore !
    Le palais s'emplit de parfums.

    L'air du ciel mêle le ramage
    Des fontaines et des oiseaux ;
    Les fleurs de la terre et des eaux
    Offrent au printemps leur hommage...

    Ô feuilles des saules tremblants,
    Vous êtes de l'or fin ! Vous êtes
    ...

  • Une averse a lavé le ciel. Il se fait tard.
    Le creux de la vallée est couvert de brouillard ;
    Mais sur les coteaux clairs luit au loin la feuillée,
    Et le firmament mêle à la forêt mouillée
    Des palpitations de clarté pâle. Amis,
    L'heure est propice : allons, par les bois endormis,
    Dans les champs, au-dessus de la prairie humide,
    Voir Vénus qui se lève à l'...

  • Le soir, après avoir veillé tard sur un livre,
    Quand ma lampe charbonne en son cercle de cuivre,
    Quand au loin, dans Paris silencieux et noir,
    L'écho des derniers pas meurt le long du trottoir,
    Je sors de mon travail fiévreux, comme d'un rêve.

  • La plage étincelle, fume
    Et retentit, vaste enclume
    Que les vagues et le vent
    Couvrent de bruit et d'écume.
    Je vais, selon ma coutume,
    Le long du galet mouvant,
    Les yeux au large, rêvant
    Quelque rêve décevant
    Salé de fraîche amertume.
    Avec leurs doux cris joyeux
    Et leurs mines ingénues,
    De beaux enfants, jambes nues,
    Se mouillent à...

  • Belle épousée,
    J'aime tes pleurs !
    C'est la rosée
    Qui sied aux fleurs.

    Les belles choses
    N'ont qu'un printemps,
    Semons de roses
    Les pas du Temps !

    Soit brune ou blonde
    Faut-il choisir ?
    Le Dieu du monde,
    C'est le Plaisir.

  • Quand le Soleil du soir parcourt les Tuileries
    Et jette l'incendie aux vitres du château,
    Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d'eau
    Tout plongé dans mes rêveries !

    Et de là, mes amis, c'est un coup d'oeil fort beau
    De voir, lorsqu'à l'entour la nuit répand son voile,
    Le coucher du soleil, - riche et mouvant tableau,
    Encadré dans l'arc de l'Etoile...