• Dans le silence et la grandeur des cathédrales,
    La cité, riche avait jadis, dressé vers Dieu
    De merveilleux autels,, tordus comme des feux
    Cuivres, bronzes, argents, cartels, rinceaux, spirales.

    Les chefs vainqueurs et leurs soldats
    Y suspendaient les vieux drapeaux de guerre ;
    Et les autels décorés d'or,
    Aux yeux de ceux qui sortaient des combats,...

  • Mes doigts, touchez mon front et cherchez, là,
    Les vers qui rongeront, un jour, de leur morsure,
    Mes chairs ; touchez mon front, mes maigres doigts, voilà
    Que mes veines déjà, comme une meurtrissure
    Bleuâtre, étrangement, en font le tour, mes las
    Et pauvres doigts - et que vos longs ongles malades
    Battent, sinistrement, sur mes tempes, un glas,
    Un pauvre glas...

  • Les menus faits, les mille riens,
    Une lettre, une date, un humble anniversaire,
    Un mot que l'on redit comme aux jours de naguère
    Exalte en ces longs soirs ton coeur comme le mien.

    Et nous solennisons pour nous ces simples choses
    Et nous comptons et recomptons nos vieux trésors,
    Pour que le peu de nous qui nous demeure encor
    Reste ferme et vaillant...

  • Je suis sorti des bosquets du sommeil,
    Morose un peu de t'avoir délaissée
    Sous leurs branches et leurs ombres tressées,
    Loin du joyeux et matinal soleil.

    Déjà luisent les phlox et les roses trémières ;
    Et je m'en vais par le jardin, songeant
    A des vers clairs de cristal et d'argent
    Qui tinteraient, dans la lumière.

    Puis tout à coup, je m'en...

  • Sois-nous propice et consolante encor, lumière,
    Pâle clarté d'hiver qui baignera nos fronts,
    Quand, tous les deux, l'après-midi, nous nous rendrons
    Respirer au jardin une tiédeur dernière.

    Nous t'aimâmes, jadis, avec un tel orgueil,
    Avec un tel amour bondissant de notre âme
    Qu'une suprême et douce et bienveillante flamme
    Nous est due à cette heure...

  • Chaque heure, où je songe à ta bonté
    Si simplement profonde,
    Je me confonds en prières vers toi.

    Je suis venu si tard
    Vers la douceur de ton regard,
    Et de si loin vers tes deux mains tendues,
    Tranquillement, par à travers les étendues!

    J'avais en moi tant de rouille tenace
    Qui me rongeait à dents rapaces,
    La confiance
    J'étais si...

  • Les grand'routes tracent des croix
    A l'infini, à travers bois ;
    Les grand'routes tracent des croix lointaines
    A l'infini, à travers plaines ;
    Les grand'routes tracent des croix
    Dans l'air livide et froid,
    Où voyagent les vents déchevelés
    A l'infini, par les allées.

    Arbres et vents pareils aux pèlerins,
    Arbres tristes et fous où l'orage s...

  • Le déclin du soleil étend, jusqu'aux lointains,
    Son silence et sa paix comme un pâle cilice ;
    Les choses sont d'aspect méticuleux et lisse
    Et se détaillent clair sur des fonds byzantins.

    L'averse a sabré l'air de ses lames de grêle,
    Et voici que le ciel luit comme un parvis bleu,
    Et que c'est l'heure où meurt à l'occident le feu,
    Où l'argent de la...

  • Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie,
    Dis, combien l'absence, même d'un jour,
    Attriste et attise l'amour ,
    Et le réveille, en ses brûlures endormies ?

    Je m'en vais au-devant de ceux
    Qui reviennent des lointains merveilleux
    Où, dès l'aube, tu es allée ;
    Je m'assieds sous un arbre, au détour de l'allée ;
    Et, sur la route, épiant leur venue,
    ...

  • Sous des cieux faits de filasse et de suie,
    D'où choit morne et longue la pluie,
    Voici pourrir
    Au vent tenace et monotone,
    Les ors d'automne ;
    Voici les ors et les pourpres mourir.

    O vous qui frémissiez, doucement volontaires,
    Là-haut, contre le ciel, tout au long du chemin,
    Tristes feuilles comme des mains,
    Vous gisez, noires, sur la...