• Sur la bruyère longue infiniment,
    Voici le vent cornant Novembre ;
    Sur la bruyère, infiniment,
    Voici le vent
    Qui se déchire et se démembre,
    En souffles lourds, battant les bourgs ;
    Voici le vent,
    Le vent sauvage de Novembre.

    Aux puits des fermes,
    Les seaux de fer et les poulies
    Grincent ;
    Aux citernes des fermes.
    Les seaux et...

  • Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
    Et se mirant dans l'eau de poix et de salpêtre
    D'un canal droit, marquant sa barre à l'infini, .
    Face à face, le long des quais d'ombre et de nuit,
    Par à travers les faubourgs lourds
    Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
    Ronflent terriblement usine et fabriques.

    Rectangles de granit et monuments de...

  • Au soir tombant, lorsque déjà l'essor
    De la vie agitée et rapace s'affaisse,
    Sous un ciel bas et mou et gonflé d'ombre épaisse,
    Le quartier fauve et noir dresse son vieux décor
    De chair, de sang, de vice et d'or.

    Des commères, blocs de viande tassée et lasse,
    Interpellent, du seuil de portes basses,
    Les gens qui passent ;
    Derrière elles, au fond de...

  • Et qu'importe d'où sont venus ceux qui s'en vont,
    S'ils entendent toujours un cri profond
    Au carrefour des doutes !
    Mon corps est lourd, mon corps est las,
    Je veux rester, je ne peux pas ;
    L'âpre univers est un tissu de routes
    Tramé de vent et de lumière ;
    Mieux vaut partir, sans aboutir,
    Que de s'asseoir, même vainqueur, le soir,
    Devant son oeuvre...

  • Oh ! tes si douces mains et leur lente caresse
    Se nouant à mon cou et glissant sur mon torse
    Quand je te dis, au soir tombant, combien ma force
    S'alourdit, jour à jour, du plomb de ma faiblesse !

    Tu ne veux pas que je devienne ombre et ruine
    Comme ceux qui s'en vont du côté des ténèbres,
    Fût-ce avec un laurier entre leurs mains funèbres
    Et la gloire...

  • Vivons, dans notre amour et notre ardeur,
    Vivons si hardiment nos plus belles pensées
    Qu'elles s'entrelacent harmonisées
    A l'extase suprême et l'entière ferveur,

    Parce qu'en nos âmes pareilles,
    Quelque chose de plus sacré que nous
    Et de plus pur, et de plus grand s'éveille,
    Joignons les mains pour l'adorer à travers nous.

    Il n'importe que...

  • Sous le fuligineux étain d'un ciel d'hiver,
    Le froid gerce le sol des plaines assoupies,
    La neige adhère aux flancs râpés d'un talus vert
    Et par le vide entier grincent des vols de pies.

    Avec leurs fins rameaux en serres de harpies,
    De noirs taillis méchants s'acharnent à griffer,
    Un tas de feuilles d'or pourrissent en charpies ;
    On s'imagine...

  • En ces heures de vice et de crime rigides,
    Se rêve un meurtre ardent, que la nuit grandirait
    De son orgueil - plafond d'ébène et clous algides -
    Et de la toute horreur de sa noire forêt,
    Là-bas, quand, parmi les ombres qui se menacent,
    Au clair acier des eaux, un glaive d'or surgit
    Vers les rages qui vont et les haines qui passent.

    - Et pieds mystérieux...

  • Quelqu'un m'avait prédit, qui tenait une épée
    Et qui riait de mon orgueil stérilisé :
    Tu seras nul, et pour ton âme inoccupée
    L'avenir ne sera qu'un regret du passé.

    Ton corps, où s'est aigri le sang de purs ancêtres,
    Fragile et lourd, se cassera dans chaque effort;
    Tu seras le fiévreux ployé, sur les fenêtres,
    D'où l'on peut voir bondir la vie et ses...

  • Lys tranquille, Lys douce et lente
    Dont le vent berce, aux bords, les herbes et les plantes,
    Vous entourez nos champs et nos hameaux, là-bas,
    De mille et mille méandres,
    Pour mieux tenir serrée, entre vos bras,
    La Flandre.

    Et vous allez et revenez,
    Sans angoisse et sans marée,
    Automne, hiver, été, printemps ;
    Et vous avez toujours le...