Je veux mener tes yeux en lent pèlerinage
Vers ces loins de souffrance, hélas ! où depuis quand,
Depuis quels jours d'antan, mon coeur fait hivernage !
C'est mon pays d'immensément,
Où ne croît rien que du néant,
Battu de pluie et de grand vent.
C'est mon pays de long linceul.
Mes rivières y font de lents serpents
D'eau jaune à travers de...
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Je vis l'Ange gardienne en tel jardin s'asseoir
Sous des nimbes de fleurs irradiantes
Et des vignes comme en voussoir ;
Auprès d'elle montaient des héliantes.
Ses doigts, dont les bagues humbles et frêles
Entouraient la minceur d'un cercle de corail,
Tenaient des couples de roses fidèles
Noués de laine et scellés d'un fermail,
Un calme,... -
Sur la route, près des labours,
Le forgeron énorme et gourd,
Depuis les temps déjà si vieux, que fument
Les émeutes du fer et des aciers sur son enclume,
Martèle, étrangement, près des flammes intenses,
A grands coups pleins, les pâles lames
Immenses de la patience.
Tous ceux du bourg qui habitent son coin,
Avec la haine en leurs deux poings... -
L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles ;
Ce que la nuit recèle ou montre entre ses voiles,
Se mêle à la ferveur de notre être exalté.
Ceux qui vivent d'amour vivent d'éternité.
Il n'importe que leur raison adhère ou raille
Et leur tende, debout, sur ses hautes murailles,
Au long des quais et des havres ses flambeaux clairs ;
Eux, sont... -
L'infini tout entier transparaît sous les voiles
Que lui tissent les doigts des hivers radieux
Et la forêt obscure et profonde des cieux
Laisse tomber vers nous son feuillage d'étoiles.
La mer ailée, avec ses flots d'ombre et de moire,
Parcourt, sous les feux d'or, sa pâle immensité ;
La lune est claire et ses rayons diamantés
Baignent tranquillement le front... -
S'élargissaient, là-bas, les granges recouvertes,
Aux murs, d'épais crépis et de blancs badigeons,
Au faîte, d'un manteau de pailles et de joncs,
Où mordaient par endroits les dents des mousses vertes.
De vieux ceps tortueux les ascendaient, alertes,
Luttant d'assauts avec les lierres sauvageons,
Et deux meules flanquaient, ainsi que deux donjons,... -
Combien elle est facilement ravie
Avec ses yeux d'extase ignée ;
Elle, la douce et résignée
Si simplement devant la vie.
Ce soir, comme un regard la surprenait fervente
Et comme un mot la transportait
Au pur jardin de joie, où elle était
Tout à la fois reine et servante.
Humble d'elle mais ardente de nous,
C'était à qui ploierait les... -
Sitôt que nos bouches se touchent,
Nous nous sentons tant plus clairs de nous-mêmes
Que l'on dirait des Dieux qui s'aiment
Et qui s'unissent en nous-mêmes ;
Nous nous sentons le coeur si divinement frais
Et si renouvelé par leur lumière
Première
Que l'univers, sous leur clarté, nous apparaît.
La joie est à nos yeux le seul ferment du monde... -
Voici quinze ans déjà que nous pensons d'accord ;
Que notre ardeur claire et belle vainc l'habitude,
Mégère à lourde voix, dont les lentes mains rudes
Usent l'amour le plus tenace et le plus fort.
Je te regarde, et tous les jours je te découvre,
Tant est intime ou ta douceur ou ta fierté :
Le temps, certe, obscurcit les yeux de ta beauté,
Mais exalte... -
Dans son village, au pied des digues,
Qui l'entourent de leurs fatigues
De lignes et de courbes vers la mer,
Le blanc cordier visionnaire
A reculons, sur le chemin,
Combine, avec prudence, entre ses mains,
Le jeu tournant de fils lointains
Venant vers lui de l'infini.
Là-bas, En ces heures de soir ardent et las,
Un ronflement de roue...