• Si d'autres fleurs décorent la maison
    Et la splendeur du paysage,
    Les étangs purs luisent toujours dans le gazon,
    Avec les grands yeux d'eau de leur mouvant visage.

    Dites de quels lointains profonds et inconnus
    Tant de nouveaux oiseaux sont-ils venus,
    Avec du soleil sur leurs ailes ?

    Juillet a remplacé Avril dans le jardin
    Et les tons bleus...

  • Un bloc de marbre où son nom luit sur une plaque.

    Ventre riche, mâchoire ardente et menton lourd ;
    Haine et terreur murant son gros front lourd
    Et poing taillé pour fendre en deux toutes attaques.

    Le carrefour, solennisé de palais froids,
    D'où ses regards têtus et violents encore
    Scrutent quels feux d'éveil bougent dans telle aurore,
    Comme sa...

  • Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
    Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
    Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
    Est triste et faible et lourde et lasse, infiniment.

    Depuis l'aube, ses bras, comme des bras de plainte,
    Se sont tendus et sont tombés ; et les voici
    Qui retombent encor, là-bas, dans l'air noirci
    Et le silence...

  • Je vous invoque ici, Moines apostoliques,
    Chandeliers d'or, flambeaux de foi, porteurs de feu,
    Astres versant le jour aux siècles catholiques,
    Constructeurs éblouis de la maison de Dieu ;

    Solitaires assis sur les montagnes blanches,
    Marbres de volonté, de force et de courroux,
    Prêcheurs tenant levés vos bras à longues manches
    Sur les remords...

  • L'immobile beauté
    Des soirs d'été,
    Sur les gazons où ils s'éploient,
    Nous offre le symbole
    Sans geste vain, ni sans parole,
    Du repos dans la joie.

    Le matin jeune et ses surprises
    S'en sont allés, avec les brises ;
    Midi lui-même et les pans de velours
    De ses vents chauds, de ses vents lourds
    Ne tombe plus sur la plaine torride ;
    Et...

  • L'absurdité grandit comme une fleur fatale
    Dans le terreau des sens, des coeurs et des cerveaux ;
    En vain tonnent, là-bas, les prodiges nouveaux ;
    Nous, nous restons croupir dans la raison natale.

    Je veux marcher vers la folie et ses soleils,
    Ses blancs soleils de lune au grand midi, bizarres,
    Et ses échos lointains, mordus de tintamarres
    Et d'...

  • Dites, les gens, les vieilles gens,
    Que s'exaltent les coeurs dans vos hameaux ;
    Dites, les gens, les vieilles gens,
    Que la clarté s'éveille en vos carreaux
    Qui regardent la route,
    Car les mages avec leurs blancs manteaux,
    Car les bergers avec leurs blancs troupeaux,
    Sont là qui débouchent et qui écoutent
    Et qui s'avancent sur la route.
    ...

  • Une place minime et quelques rues,
    Avec un Christ au carrefour ;
    Et l'Escaut gris et puis la tour
    Qui se mire, parmi les eaux bourrues ;
    Et le quartier du Dam, misérable et lépreux,
    Jeté comme au hasard vers les prairies ;
    Et près du cimetière aux buis nombreux,
    La chapelle vouée à la Vierge Marie,
    Par un marin qui s'en revint
    On ne sait quand...

  • Se replier toujours sur soi-même, si morne !
    Comme un drap lourd, qu'aucun dessin de fleur n'adorne.

    Se replier, s'appesantir et se tasser
    Et se toujours, en angles noirs et mats, casser.

    Si morne ! et se toujours interdire l'envie
    De tailler en drapeaux l'étoffe de sa vie.

    Tapir entre les plis ses mauvaises fureurs
    Et ses rancoeurs et ses...

  • (II)

    Sous les vitres du hall nitreux que le froid fore
    Et vrille et que de mats brouillards baignent de vair,
    Un soir, en tout à coup de gel, s'ouvre l'hiver,
    Dans le foyer, fourbi de naphte et de phosphore

    Qui brûle : et le charbon pointu se mousse d'or
    Et le posthume été dans l'or se réitère ;
    Il émeraude un bol, il enturquoise un verre...