Les barques d'or du bel été
Qui partirent, folles d'espace,
S'en reviennent mornes et lasses
Des horizons ensanglantés.
A coups de rames monotones,
Elles s'avancent sur les eaux ;
On les prendrait pour des berceaux
Où dormiraient des fleurs d'automne.
Tiges de lys au beau front d'or,
Toutes vous gisez abattues ;
Seules, les...
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Comme des clous, les gros pavés
Fixent au sol les routes claires :
Lignes et courbes de lumière
Qui décorent et divisent les terres
En ce pays de bois et de champs emblavés.
Les plus vieilles se souviennent du temps de Rome,
Quand s'en venaient les Dieux
Rôder dans les vergers des hommes
D'autres ont aperçu la fée au manteau bleu
Qui... -
Un vent rude soufflait par les azurs cendrés,
Quand du côté de l'aube, ouverte à l'avalanche,
L'horizon s'ébranla dans une charge blanche
Et dans un galop fou de nuages cabrés.
Le jour entier, jour clair, jour sans pluie et sans brume,
Les crins sautants, les flancs dorés, la croupe en feu,
Ils ruèrent leur course à travers l'éther bleu,
Dans un... -
Avec les doigts de ma torture
Gratteurs de mauvaise écriture,
Maniaque inspecteur de maux,
J'écris encor des mots, des mots...
Quant à mon âme, elle est partie.
Morosement et pour extraire
L'arrière-faix de ma colère,
Aigu d'orgueil, crispé d'effort,
Je râcle en vain mon cerveau mort.
Quant à mon âme, elle est partie.
... -
Des villages plaintifs et des champs reposés,
Voici que s'exhalait, dans la paix vespérale,
Un soupir doucement triste comme le râle
D'une vierge qui meurt pâle, les yeux baissés,
Le coeur en joie et tout au ciel déjà tendante.
Les vents étaient tombés. Seule encor remuait,
Là-bas, vers le couchant, dans l'air vide et muet,
Une cloche d'église à d'... -
Brumes mornes d'hiver, mélancoliquement
Et douloureusement, roulez sur mes pensées
Et sur mon coeur vos longs linceuls d'enterrement
Et de rameaux défunts et de feuilles froissées
Et livides, tandis qu'au loin, vers l'horizon,
Sous l'ouatement mouillé de la plaine dormante,
Parmi les échos sourds et souffreteux, le son
D'un angelus lassé se perd et se... -
Près d'un étang désert, où dort une eau brunie,
Un rai du soir s'accroche au sommet d'un roseau ;
Un cri s'écoute, un cri désespéré d'oiseau,
Un cri pauvre et perdu dans la plaine infinie.
Comme il est faible et frêle et peureux et fluet !
Et comme avec tristesse il se traîne et s'écoute,
Et comme il se répète et comme avec la route
Il s'enfonce... -
J'ai regardé, par la lucarne ouverte, au flanc
D'un phare abandonné que flagellait la pluie :
Des trains tumultueux, sous des tunnels de suie,
Sifflaient, toisés de loin par des fanaux de sang.
Le port, immensément hérissé de grands mâts,
Dormait, huileux et lourd, en ses bassins d'asphalte ;
Un seul levier, debout sur un bloc de basalte,
Serrait... -
Sur la Ville, dont les désirs flamboient,
Règnent, sans qu'on les voie,
Mais évidentes, les idées.
On les rêve parmi les brumes, accoudées
En des lointains, là-haut, près des soleils.
Aubes rouges, midis fumeux, couchants vermeils,
Dans le tumulte violent des heures,
Elles demeurent.
Et la première et la plus vaste, c'est la force... -
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
Mes plus douces pensées,
Celles que je te dis, celles aussi
Qui demeurent imprécisées
Et trop profondes pour les dire.
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
A toute ton âme, mon âme,
Avec ses pleurs et ses sourires
Et son baiser.
Vois-tu, l'aube blanchit le sol, couleur de lie ;
Des liens d'...