Fut-il en nous une seule tendresse,
Une pensée, une joie, une promesse,
Que nous n'ayons semée au-devant de nos pas ?
Fut-il une prière en secret entendue,
Dont nous n'ayons serré les mains tendues
Avec douceur sur notre sein ?
Fut-il un seul appel, un seul dessein,
Un voeu tranquille ou violent
Dont nous n'ayons accéléré l'élan ?
...
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Des fleurs fines et mousseuses comme l'écume
Poussaient au bord de nos chemins
Le vent tombait et l'air semblait frôler tes mains
Et tes cheveux avec des plumes.
L'ombre était bienveillante à nos pas réunis
En leur marche, sous le feuillage ;
Une chanson d'enfant nous venait d'un village
Et remplissait tout l'infini.
Nos étangs s'étalaient... -
Soir de juillet torride et sec.
Serrant le bois sonore au creux de son épaule,
Un joueur de rebec
S'est lentement assis et joue au pied d'un saule.
Il chante pour lui seul et ne voit pas
Qu'en ce déclin du jour se rapprochent des pas
Sous les arbres, au long des routes ;
Et qu'on se glisse derrière les troncs
Et qu'à demi cachés apparaissent... -
Tu arbores parfois cette grâce bénigne
Du matinal jardin tranquille et sinueux
Qui déroule, là-bas, parmi les lointains bleus,
Ses doux chemins courbés en cols de cygne.
Et, d'autres fois, tu m'es le frisson clair
Du vent rapide et exaltant
Qui passe, avec ses doigts d'éclair,
Dans les crins d'eau de l'étang blanc.
Au bon toucher de tes... -
On le croyait fondateur de la ville,
Venu de pays clairs et lointains,
Avec sa crosse entre les mains,
Et, sur son corps, une bure servile.
Pour se faire écouter il parlait par miracles,
En des clairières d'or, le soir, dans les forêts,
Où Loge et Thor carraient leurs symboles épais
Et tonnaient leurs oracles.
Il était la tristesse et la... -
Sur ce roc carié que fait souffrir la mer,
Quels pas voudront monter encor, dites, quels pas ?
Dites, serai-je seul enfin et quel long glas
Écouterai-je debout devant la mer ?
C'est là que j'ai bâti mon âme.
- Dites, serai-je seul avec mon âme ? -
Mon âme hélas! maison d'ébène,
Où s'est fendu, sans bruit, un soir,
Le grand miroir de mon... -
Dansez sur la berge, les flammes,
Comme de petites madames,
Comme de tristes petites madames.
Voici les soirs de la Saint-Jean
Au long du fleuve et des étangs.
Dansez sur la berge, les flammes,
Avec des gamins roux autour de vous,
Copeaux follets, folles spirales,
Dansez, dansez, dansez,
Petites flammes pastorales.
L'oiseau... -
J'ai pour voisin et compagnon
Un vaste et puissant paysage
Qui change et luit comme un visage
Devant le seuil de ma maison.
Je vis chez moi de sa lumière
Et de son ciel dont les grands vents
Agenouillent ses bois mouvants
Avec leur ombre sur la terre.
Il est gardé par onze tours
Qui regardent du bout des plaines
De larges... -
Sur des marais de gangrène et de fiel
Des coeurs d'astres troués saignent du fond du ciel.
Horizon noir et grand bois noir
Et nuages de désespoir
Qui circulent en longs voyages
Du Nord au Sud de ces parages.
Pays de toits baissés et de chaumes marins
Où sont allés mes yeux en pèlerins,
Mes yeux vaincus, mes yeux sans glaives,
Comme... -
Le choeur, alors qu'il est sombre et dévotieux,
Et qu'un recueillement sur les choses s'embrume,
Conserve encor dans l'air que l'encens bleu parfume
Comme un frisson épars des hymnes spacieux.
La gravité des longs versets sentencieux
Reste debout comme un marteau sur une enclume,
Et l'antienne du jour, plus blanche que l'écume,
Remue encor son aile...