• Par les chemins bordés de pueils
    Rôde en maraude
    Le donneur de mauvais conseils.

    La vieille carriole aux tons groseille
    Qui l'emmena, on ne sait d'où,
    Une folle la garde et la surveille,
    Au carrefour des chemins mous.
    Le cheval paît l'herbe d'automne,
    Près d'une mare monotone,
    Dont l'eau livide réverbère
    Le ciel de pluie et de misère...

  • Les baisers morts des défuntes années
    Ont mis leur sceau sur ton visage,
    Et, sous le vent morne et rugueux de l'âge,
    Bien des roses, parmi tes traits, se sont fanées.

    Je ne vois plus ta bouche et tes grands yeux
    Luire comme un matin de fête,
    Ni, lentement, se reposer ta tête
    Dans le jardin massif et noir de tes cheveux.

    Tes mains chères...

  • Quand tu marches, le pas rythmé, le long des champs,
    Aime à nommer pour te plaire à toi-même
    Le sud, l'ouest, l'est, le nord,
    Mots clairs et doux, mots terribles et forts,
    Qui décorent les beaux poèmes.

    Qu'ils t'évoquent les bois, les monts et le soleil ;
    Qu'ils t'évoquent la mer et le grand port vermeil
    Illuminant là-bas les confins de la terre ;...

  • Il est des moines doux avec des traits si calmes,
    Qu'on ornerait leurs mains de roses et de palmes,

    Qu'on formerait, pour le porter au-dessus d'eux,
    Un dais pâlement bleu comme le bleu des cieux,

    Et pour leurs pas foulant les plaines de la vie,
    Une route d'argent d'un chemin d'or suivie.

    Et par les lacs, le long des eaux, ils s'en iraient,...

  • Veuves debout au long des mers,
    Les tours de Lisweghe et de Furnes
    Pleurent, aux vents des vieux hivers
    Et des automnes taciturnes.

    Elles règnent sur le pays,
    Depuis quels jours, depuis quels âges,
    Depuis quels temps évanouis
    Avec les brumes de leurs plages ?

    Jadis, on allumait des feux
    Sur leur sommet, dans le soir sombre ;
    Et...

  • Calmes voluptueux, avec des encensoirs
    Et des rythmes lointains par le soir solitaire,
    Claire heure alanguissante et fondante des soirs,
    Le soir sur des lits d'or s'endort avec la terre,
    Sous des rideaux de pourpre, et longuement se tait !

    Calmes voluptueux, avec de grands nuages,
    Et des îles de nacre et des plages d'argent
    Et des perles et des...

  • Non plus parce qu'il vit d'angoisse et de souffrance,
    Mais parce qu'à chaque heure il crée une espérance,
    L'âpre univers est plein de foi.
    Il n'importe que sous les toits,
    Dans les demeures,
    Quand le jour naît ou qu'il décroît,
    Les prières au Christ en croix
    Se meurent.

    Efforts multipliés en tous les lieux du monde,
    C'est vous qui...

  • En un plein jour, larmé de lampes,
    Qui brûlent en l'honneur
    De tout l'inexprimé du coeur,
    Le silence, par un chemin de rampes,
    Descend vers ma rancoeur.
    Il circule très lentement
    Par ma chambre d'esseulement ;
    Je vis tranquillement en lui ;
    Il me frôle de l'ombre de sa robe ;
    Parfois, ses mains et ses doigts d'aube
    Closent les yeux de...

  • La plaine, au fond des soirs, s'est allumée,
    Et les tocsins cassent leurs bonds de sons,
    Aux quatre murs de l'horizon.

    - Une meule qui brûle ! -

    Par les sillages des chemins, la foule,
    Par les sillages des villages, la foule houle
    Et dans les cours, les chiens de garde ululent.

    - Une meule qui brûle ! -

    La flamme ronfle et...

  • Au fond du choeur monumental,
    D'où leur splendeur s'érige
    - Or, argent, diamant, cristal -
    Lourds de siècles et de prestiges,
    Pendant les vêpres, quand les soirs
    Aux longues prières invitent,
    Ils s'imposent, les ostensoirs,
    Dont les fixes joyaux méditent.

    Ils conservent, ornés de feu,
    Pour l'universelle amnistie,
    Le baiser blanc...