• Cité d'Auxerre, aimée et renommée,
    Ceux de Paris souvent t'ont habitée
    Pour le beau lieu et aussi pour la grume
    Dont ton haut bruit plus vaut qu'on ne le plume.

    Tu as bon vin, bonne eau, bon blé, bon pain,
    Aussi tu as le corps de saint Germain,
    Et cil qui veut dévotement s'ébattre
    Soudain verra l'église saint Amatre ;
    D'autres corps saints...

  • Je suis Paris, cité de renommée,
    Rien ne me fault ; de Dieu suis gouvernée
    Auprès des blés suis, et près des prairies,
    De beaux jardins, bois et forêts fleuries ;
    Dessous y a la rivière de Seine,
    Laquelle on tient à un chacun bien saine.
    Outre, visez le noble Parlement,
    Où l'on peut voir faire bon jugement ;
    De nuit le guet punit les malfaiteurs...

  • La terre souriait au ciel bleu. L'herbe verte
    De gouttes de rosée était encor couverte.
    Tout chantait par le monde ainsi que dans mon coeur.
    Caché dans un buisson, quelque merle moqueur
    Sifflait. Me raillait-il ? Moi, je n'y songeais guère.
    Nos parents querellaient, car ils étaient en guerre
    Du matin jusqu'au soir, je ne sais plus pourquoi.
    Elle cueillait des...

  • L'oiseleur Amour se promène
    Lorsque les coteaux sont fleuris,
    Fouillant les buissons et la plaine ;
    Et chaque soir sa cage est pleine
    Des petits oiseaux qu'il a pris.

    Aussitôt que la nuit s'efface
    Il vient, tend avec soin son fil,
    Jette la glu de place en place,
    Puis sème, pour cacher la trace,
    Quelques brins d'avoine ou de mil.

    Il...

  • Tout est muet, l'oiseau ne jette plus ses cris.
    La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris.
    Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies,
    Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur.

    Voilà qu'à l'horizon s'élève une clameur ;
    Elle approche, elle vient, c'est la tribu des oies.
    Ainsi qu'un trait lancé, toutes, le cou tendu,...

  • Le rêve pour les uns serait d'avoir des ailes,
    De monter dans l'espace en poussant de grands cris,
    De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles,
    Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris.

    D'autres voudraient pouvoir écraser des poitrines
    En refermant dessus leurs deux bras écartés ;
    Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines,
    ...

  • La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
    Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
    Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
    Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

    Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
    L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
    Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
    ...

  • Il semble qu'un soupir, un éternel soupir,
    Peuple l'air embaumé d'échos mélancoliques ;
    C'est un soupir qui sort de ces brillants portiques
    Qu'habitaient autrefois les chants et le plaisir.

    Car Venise déjà n'est plus qu'un souvenir.
    Elle dort du sommeil des vieilles républiques.
    - En vain vous attendez, vagues adriatiques,
    Le doge fiancé qui ne...

  • ... Ce dôme constellé qui sur nos fronts s'étale
    Avec ses profondeurs de silence et d'effroi,
    Est-ce une oeuvre d'amour ? est-ce l'oeuvre fatale
    D'une incompréhensible et redoutable loi ? [...]

  • Le soleil, crayonnant par la blanche persienne
    Ses infiltrations sur la tenture ancienne,
    Pose sur les cils noirs de la brune un rayon
    Né d'un trou d'or, comme la nymphe du cocon. [...]

    ... Le rayon promenant des antennes légères -
    Songe de femme nue, étreintes mensongères ! -
    Se vautre, boit du miel, bourdonne, abeille d'or,
    Sous le nombril fleuri de...