• Plutôt la mort me vienne dévorer,
    Et engloutir dans l'abîme profonde
    Du gouffre obscur de l'oblivieuse onde,
    Qu'autre que toi, l'on me voit adorer.

    Mon bracelet, je te veux honorer
    Comme mon plus précieux en ce monde :
    Aussi viens-tu d'une perruque blonde,
    Qui pourrait l'or le plus beau redorer.

    Mon bracelet, mon cher mignon, je t'aime...

  • J'aime le verd laurier, dont l'hyver ny la glace
    N'effacent la verdeur en tout victorieuse,
    Monstrant l'eternité à jamais bien heureuse
    Que le temps, ny la mort ne change ny efface.

    J'aime du hous aussi la toujours verte face,
    Les poignans eguillons de sa fueille espineuse :
    J'aime la lierre aussi, et sa branche amoureuse
    Qui le chesne ou le mur...

  • Tu sçais, o vaine Muse, o Muse solitaire
    Maintenant avec moy, que ton chant qui n'a rien
    De vulgaire, ne plaist non plus qu'un chant vulgaire.

    Tu sçais que plus je suis prodigue de ton bien
    Pour enrichir des grans l'ingrate renommée
    Et plus je perds le tems, ton espoir et le mien.

    Tu sçais que seulement toute chose est aymée
    Qui fait d'un...

  • Myrrhe bruloit jadis d'une flamme enragée,
    Osant souiller au lict la place maternelle
    Scylle jadis tondant la teste paternelle,
    Avoit bien l'amour vraye en trahison changée.

    Arachne ayant des Arts la Deesse outragée,
    Enfloit bien son gros fiel d'une fierté rebelle :
    Gorgon s'horrible bien quand sa teste tant belle
    Se vit de noirs serpens en lieu de poil...

  • Le mystère des nuits exalte les coeurs chastes !
    Ils y sentent s'ouvrir comme un embrassement
    Qui, dans l'éternité de ses caresses vastes,
    Comble tous les désirs, dompte chaque tourment.

    Le parfum de la nuit enivre le coeur tendre !
    La fleur qu'on ne voit pas a des baumes plus forts...
    Tout sens est confondu : l'odorat croit entendre !
    Aux...

  • Au myosotis bleu qui mire dans les sources
    Ses constellations de fleurettes d'azur,
    Il emprunte la voix cristalline des courses
    Que font sur les cailloux les ondes au coeur pur.

    Aux pruniers il a pris leur âme japonaise,
    Aux hortensias bleus leur pâle étrangeté ;
    Aux tulipes leur pourpre, aux tournesols leur braise ;
    Aux iris leur tristesse ; aux...

  • Le plus pur des Bourbons est un orphelin blême.
    Tendre Dauphin broyé, l'Enfant Louis Dix-Sept
    Humanise en ses traits l'Enfant de Nazareth,
    Fils de dieux et de rois qu'adopte Dieu lui-même !

    Des épines, au front, lui font un diadème ;
    Le miracle embaumé de sainte Élisabeth
    En ses bras torturés a rejailli plus net ;
    Les lis de son manteau lui...

  • Sous les villosités violettes des tartres
    Les blancs Olympiens ont pris des tons caducs.
    Et, des arbres sans sève, et des plantes sans sucs
    L'automne qui descend les vêt comme de martres.

    L'ombre et la vétusté les rouillent de leurs dartres,
    Ces dieux à qui les rois voulaient des airs de ducs ;
    Et le soleil mourant qui fuse sur les stucs
    Y verse...

  • Les étoiles des lys ont éclairé la plaine...
    Les pétales de l'astre ont éclos dans la nuit ;
    De constellations de fleurs la route est pleine,
    Et de moissons de feux la voûte brille et luit.

    Les anges ont baissé leurs yeux sur les prairies,
    Les hommes ont levé leurs yeux vers les azurs ;
    Et l'échange s'est vu des blanches confréries
    De l'étoile...

  • ... Les Morts aimés sont les hôtes aux mains discrètes
    Qui demandent leur pain quotidien, sans bruit,
    Ils ne viennent jamais nous troubler dans nos fêtes,
    Mais veulent partager l'angoisse de nos nuits. [...]