Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs.
L'espérance a tissé la robe de la terre ;
Et ses vieux flancs féconds, travaillés d'un mystère,
Vont s'entr'ouvrir encor d'une extase de fleurs.
Les temps sont arrivés, et l'appel de la femme,
Ce soir, a retenti par la création.
L'étoile du désir se lève ô vision !
Ô robes qui passez, nonchalantes, dans...
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Oh ! Écoute la symphonie ;
Rien n'est doux comme une agonie
Dans la musique indéfinie
Qu'exhale un lointain vaporeux ;
D'une langueur la nuit s'enivre,
Et notre coeur qu'elle délivre
Du monotone effort de vivre
Se meurt d'un trépas langoureux.
Glissons entre le ciel et l'onde,
Glissons sous la lune profonde ;
Toute mon âme,... -
Partout la mer unique étreint l'horizon nu,
L'horizon désastreux où la vieille arche flotte ;
Au pied du mât penchant l'Espérance grelotte,
Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu.
Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu,
L'Ame assise à la barre, immobile pilote,
Regarde éperdument dans l'ombre qui sanglote
Ses colombes s'enfuir vers... -
Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble,
Hanté d'oiseaux furtifs et de rameaux frôleurs,
Où le vol argenté des sylphes bleus s'assemble
En un soir diaphane où défaillent des fleurs.
La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ;
L'aurore en son cristal baigne ses pieds rosés ;
Et sur ses bords, en d'éternelles harmonies,
Soupire l'orgue des... -
En juillet, quand midi fait éclater les roses,
Comme un vin dévorant boire l?air irrité,
Et, tout entier brûlant des fureurs de l?été,
Abîmer son coeur ivre au gouffre ardent des choses.
Voir partout la vie, une en ses métamorphoses,
Jaillir ; et l?Amour, nu comme la Vérité,
Nonchalamment suspendre à ses doigts de clarté
La chaîne aux anneaux d?or des... -
Cette source de mort, cette homicide peste,
Ce péché, dont l'enfer a le monde infecté,
M'a laissé, pour tout être, un bruit d'avoir été,
Et je suis de moi-même une image funeste.
L'auteur de l'univers, le monarque céleste,
S'était rendu visible en ma seule beauté
Ce vieux titre d'honneur qu'autrefois j'ai porté,
Et que je porte encore, est tout ce... -
Vous implorez en vain, pauvre troupe insensée,
Un injuste secours, par un injuste effort
La pitié qui previent le moment de la mort,
Quant c'est pour un amant, elle est trop avancée.
Vous m'appellez cruelle, et vostre ame offencée
Accuse mes rigueurs de son funeste sort.
Le Ciel en soit l'arbitre, et qu'il juge du tort,
S'il vient de mes effects,... -
Allons parmy les fleurs cueillir une guirlande,
Afin d'en couronner la Reine des Beautez ;
Sois Venus, soit Phillis, à qui les Royautez
Vont indifferemment presenter leur offrande.
Les Graces, et l'Amour, seront de nostre bande ;
Les jeux, et les plaisirs suivront de tous costez :
La saison nous appelle à mille nouveautez ;
Et la rosée est cheute,... -
Je vogue sur la mer, où mon âme craintive,
Aux jours les plus sereins, voit les vents se lever.
Pour vaincre leurs efforts, j'ai beau les observer,
Ma force, ou ma prudence, est ou faible, ou tardive.
Je me laisse emporter à l'onde fugitive,
Parmi tous les dangers qui peuvent arriver,
Où tant d'hommes divers se vont perdre, ou sauver,
Et dont la... -
Une effroyable horreur couvrait la terre et l'onde
Et déjà les démons menaient par l'univers
Les funestes oiseaux, les fantômes divers,
Et des songes légers la troupe vagabonde,
Quand Morphée emprunta la chevelure blonde,
Les roses et les lys qui n'ont jamais d'hiver,
Et mille autres appas d'un long crêpe couverts,
Dont aujourd'hui Phillis étonne...