Les jardins odorants balancent leurs panaches.
L'eau miroite au soleil, et le ciel est heureux.
Mon coeur, tu peux rentrer dans l'ombre où tu te caches ;
Ton impuissance insulte au monde vigoureux.
Dans un tressaillement qui fait craquer l'écorce,
L'arbre, géant joyeux, tend ses cent bras musclés.
La terre, ivre de sève, étouffe dans sa force,
Et la...
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Au zénith aveuglant brûle un globe de flamme,
Le ciel entier frémit criblé de flèches d'or.
Immobile et ridée à peine la mer dort,
La mer dort au soleil comme une belle femme.
Ça et là, dans le creux des rochers, une lame
Blanchit, et par degrés d'un insensible effort
Les vagues, expirant sur le sable du bord,
Allongent leur ourlet tiède jusqu'à mon... -
Je rêve de vers doux et d'intimes ramages,
De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages,
De vers blonds où le sens fluide se délie
Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie,
De vers silencieux, et sans rythme et sans trame
Où la rime sans bruit glisse comme une rame,
De vers d'une ancienne étoffe, exténuée,
Impalpable comme le son et la... -
Le calme des jardins profonds s'idéalise.
L'âme du soir s'annonce à la tour de l'église ;
Ecoute, l'heure est bleue et le ciel s'angélise.
A voir ce lac mystique où l'azur s'est fondu,
Dirait-on pas, ma soeur, qu'un grand coeur éperdu
En longs ruisseaux d'amour, là-haut, s'est répandu ?
L'ombre lente a noyé la vallée indistincte.
La cloche, au... -
Puisqu'il n'est point de mots qui puissent contenir,
Ce soir, mon âme triste en vouloir de se taire,
Qu'un archet pur s'élève et chante, solitaire,
Pour mon rêve jaloux de ne se définir.
O coupe de cristal pleine de souvenir ;
Musique, c'est ton eau seule qui désaltère ;
Et l'âme va d'instinct se fondre en ton mystère,
Comme la lèvre vient à la... -
Ma fille, laisse là ton aiguille et ta laine ;
Le maître va rentrer ; sur la table de chêne
Avec la nappe neuve aux plis étincelants
Mets la faïence claire et les verres brillants.
Dans la coupe arrondie à l'anse en col de cygne
Pose les fruits choisis sur des feuilles de vigne :
Les pêches que recouvre un velours vierge encor,
Et les lourds raisins bleus... -
Mon coeur dans le silence a soudain tressailli,
Comme une onde que trouble une brise inquiète ;
Puis la paix des beaux soirs doucement s'est refaite,
Et c'est un calme ciel qu'à présent je reflète
En tendant vers tes yeux mon désir recueilli.
Comme ceux-là qu'on voit dans les anciens tableaux,
Mains jointes et nu-tête, à genoux sur la pierre,
Je... -
Dans l'ombre tiède, où toute emphase s'atténue,
Sur les coussins, parmi la flore des lampas,
L'effeuillement des heures d'or qu'on n'entend pas
Vibrer ainsi qu'un son d'archet qui diminue.
S'affiner l'âme en une extase si ténue ;
Jouir son coeur sur une pointe de compas ;
Tenter parmi des flacons d'or d'exquis trépas ;
Ne plus savoir ce que sa vie... -
Lentement, doucement, de peur qu?elle se brise,
Prendre une âme ; écouter ses plus secrets aveux,
En silence, comme on caresse des cheveux ;
Atteindre à la douceur fluide de la brise ;
Dans l?ombre, un soir d?orage, où la chair s?électrise,
Promener des doigts d?or sur le clavier nerveux ;
Baisser l?éclat des voix ; calmer l?ardeur des feux ;
Exalter la... -
Et ce soir-là, je ne sais,
Ma douce, à quoi tu pensais,
Toute triste,
Et voilée en ta pâleur,
Au bord de l'étang couleur
D'améthyste.
Tes yeux ne me voyaient point ;
Ils étaient enfuis loin, loin
De la terre ;
Et je sentais, malgré toi,
Que tu marchais près de moi,
Solitaire.
Le bois était triste aussi,
Et du...