• Voici encor de l'heure qui s'argente,
    mêlé au doux soir, le pur métal
    et qui ajoute à la beauté lente
    les lents retours d'un calme musical.

    L'ancienne terre se reprend et change :
    un astre pur survit à nos travaux.
    Les bruits épars, quittant le jour, se rangent
    et rentrent tous dans la voix des eaux.

  • Sur le soupir de l'amie
    toute la nuit se soulève,
    une caresse brève
    parcourt le ciel ébloui.

    C'est comme si dans l'univers
    une force élémentaire
    redevenait la mère
    de tout amour qui se perd.

  • C'est pour t'avoir vue
    penchée à la fenêtre ultime,
    que j'ai compris, que j'ai bu
    tout mon abîme.

    En me montrant tes bras
    tendus vers la nuit,
    tu as fait que, depuis,
    ce qui en moi te quitta,
    me quitte, me fuit...

    Ton geste, fut-il la preuve
    d'un adieu si grand,
    qu'il me changea en vent,
    qu'il me versa dans le...

  • Elle passe des heures émues
    appuyée à sa fenêtre,
    tout au bord de son être,
    distraite et tendue.

    Comme les lévriers en
    se couchant leurs pattes disposent,
    son instinct de rêve surprend
    et règle ces belles choses

    que sont ses mains bien placées.
    C'est par là que le reste s'enrôle.
    Ni les bras, ni les seins, ni l'épaule,
    ni elle-...

  • Nymphe, se revêtant toujours
    de ce qui la dénude,
    que ton corps s'exalte pour
    l'onde ronde et rude.

    Sans repos tu changes d'habit,
    même de chevelure ;
    derrière tant de fuite, ta vie
    reste présence pure.

  • N'était-il pas, ce verger, tout entier,
    ta robe claire, autour de tes épaules ?
    Et n'as-tu pas senti combien console
    son doux gazon qui pliait sous ton pied ?

    Que de fois, au lieu de promenade,
    il s'imposait en devenant tout grand ;
    et c'était lui et l'heure qui s'évade
    qui passaient par ton être hésitant.

    Un livre parfois t'accompagnait...

  • C'est qu'il nous faut consentir
    à toutes les forces extrêmes ;
    l'audace est notre problème
    malgré le grand repentir.

    Et puis, il arrive souvent
    que ce qu'on affronte, change :
    le calme devient ouragan,
    l'abîme le moule d'un ange.

    Ne craignons pas le détour.
    Il faut que les Orgues grondent,
    pour que la musique abonde
    de...

  • Ai-je des souvenirs, ai-je des espérances,
    en te regardant, mon verger ?
    Tu te repais autour de moi, ô troupeau d'abondance
    et tu fais penser ton berger.

    Laisse-moi contempler au travers de tes branches
    la nuit qui va commencer.
    Tu as travaillé ; pour moi c'était un dimanche, -
    mon repos, m'a-t-il avancé ?

    D'être berger, qu'y a-t-il de...

  • Figure de femme, sur son sommeil
    fermée, on dirait qu'elle goûte
    quelque bruit à nul autre pareil
    qui la remplit toute.

    De son corps sonore qui dort
    elle tire la jouissance
    d'être un murmure encor
    sous le regard du silence.

  • De leur grâce, que font-ils,
    tous ces dieux hors d'usage,
    qu'un passé rustique engage
    à être sages et puérils ?

    Comme voilés par le bruit
    des insectes qui butinent,
    ils arrondissent les fruits ;
    (occupation divine).

    Car aucun jamais ne s'efface,
    tant soit-il abandonné ;
    ceux qui parfois nous menacent
    sont des dieux...