• Le jour, le point, mille foys attendu
    L'heure, et la nuit, mille fois attenduë,
    M'ont desormais entre les bras rendu
    D'une qui s'est entre mes bras renduë.

    D'ame, et d'esprit, je suis tout esperdu !
    D'ame, et d'esprit, elle est toute esperduë !
    Ô jour luisant ! ô soulas pretendu !
    Ô dous esbat ! ô joye pretenduë !

    D'un tel discours mes...

  • Doctime amy, qu'Amour docteur anime
    Au bellime art des sçavantismes Sioeurs :
    Tu vas goustant leurs saintimes douçieurs,
    Enflant ta veine en rime coulantime.

    Ton coeur bravime, et ta voix bruyantime,
    Santant ainsi nos longuimes errieurs,
    Hautime suyt ses brusquimes furieurs,
    Chaudimes or' d'une ardieur si gentime.

    Je ne t'escry pour...

  • Grasinde, vous semblez à la vigne sauvage
    Qui naist pres d'un halier, ou sur un mont desert :
    Là son pampre, et son cep, rien du tout ne luy sert,
    Et si nul Vigneron n'en tire du breuvage.

    Ainsi vostre Beauté qui me tient en servage,
    Sa fleur, son fruit, son tige, et sa racine perd :
    N'employant a propos un manouvrier expert,
    Qui sa racine, tige, et...

  • Improductifs !... Cercueils, plombs, pierres sépulcrales,
    Os même, l'industrie en saura bien user !
    Que du passé nos mains déchirent les annales !
    Le Progrès vient, ces murs l'empêchent de passer :

    Roulez, antiques ponts ! à bas, tours féodales !
    Il nous faut des débris pour nous mieux exhausser,
    Nous nous croirons plus grands de taille et de penser
    ...

  • Je ne veux point le clair char estoillé
    De ta beauté, en grace estincellante,
    Par ton front, Ciel de lumiere excellante
    Guider ainsi, que Phaëton voilé

    De vain orgueil, duquel tout affollé
    Voullut donter la bride rougissante
    Des fiers chevaux. Mais sa main languissante
    Bruloit les cieux, qui l'ont en feu roullé.

    Je suis celuy, qui de...

  • Ciel reluysant, qui decouvre le lustre
    De la beauté, la gloire de noz ans :
    Et du clair tour de tes feuz rayonnantz
    En l'eclairant, tu reluis plus illustre.

    Mon nom obscur de la splendeur illustre,
    Nom qui s'espand de tes flambeaux luysantz,
    Mais que tu rens des deux astres plaisantz,
    Desquelz le trait tout l'univers perlustre.

    Pour...

  • Tes traitz (Soleil) de leur vive pointure
    Ne sont les raiz qui ont frappé mes yeux,
    Autre Soleil de lustre gracieux
    Trasse entour moy plus riche couverture.

    Rien ne me sert la nuitale peinture
    Que faict la Lune aprez son frere aux cieux
    Car le brandon de l'Astre precieux
    Qui m'éclaircit, est l'honneur de nature

    Quand sa clairté qui...

  • Claire en beauté plus que la claire Aurore
    Claire en blancheur plus que marbre de Pare,
    Ou que le laict, qui sur le Jong se pare.
    Claire en odeur du Bame qui s'honnore,

    Claire en coral que le vermeil colore :
    Claire en valeur plus qu'autre joiau rare
    Ou que tout l'or du filz de Chrise avare.
    Claire en l'honneur qui tes graces decore,

    ...

  • Homme est un mot qui ne caractérise
    Qu'un animal, ainsi qu'ours et lion ;
    Son naturel est erreur et sottise,
    Malignité, superbe, ambition ;
    Il naît et meurt ; et mort, on le méprise.
    De son destin orgueilleux, on le voi
    Fouler la terre en pays de conquête,
    Que la raison a soumis à sa loi ;
    Il n'est plus que la première bête
    De ce séjour...

  • Le coeur de l'homme est l'énigme du Sphinx ;
    Si l'on pouvait avec les yeux du Linx,
    De ses replis éclairer la souplesse,
    L'oeil étonné, de maints hauts faits vantés
    Démêlerait les ressorts effrontés
    Dont un prestige a fardé la bassesse.
    Ces Conquérans, sous les noms imposteurs
    De liberté, de soutiens, de vengeurs,
    A l'oeil surpris découvriraient peut-...