• Je viens de recevoir une belle missive
    De la nymphe qui prit mon âme au trébuchet,
    Et qui, scellant mon coeur de son divin cachet,
    Y voulut imprimer son image lascive.

    Il me fâche déjà que cette heure n'arrive
    Où je dois embrasser sa taille de brochet,
    Et jamais vérolé, tapi dessous l'archet,
    En suant ne trouva l'horloge si tardive.

    ...

  • Phylis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
    Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
    Et qui sont obligés d'en venir aux noms propres
    Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.

    Je n'affecte jamais rime riche ni pauvre
    De peur d'être contraint de suer comme un porc,
    Et hais plus que la mort ceux dont l'âme est si faible
    Que d'...

  • Dans l'horreur d'un bois solitaire
    Où malgré l'oeil du jour règne en tout temps la nuit,
    Tirsis, loin du monde qu'il fuit,
    Ne pouvant plus se taire,
    Chantait en pleurs le doux et triste sort
    Qui le livre à la mort.

    C'est donc une chose arrêtée
    (Disait ce pauvre amant, plein d'ardeur et de foi)
    Que je souffre à jamais pour toi,
    Cruelle...

  • Ici la même symétrie
    A mis toute son industrie
    Pour faire en ce bois écarté
    Le Palais de la Volupté.
    Jamais le vague Dieu de l'Onde,
    Ni celui des clartés du monde
    N'entreprirent rien de plus beau
    Quand, sans trident et sans flambeau,
    D'une volonté mutuelle
    Ils mirent en main la truelle
    Et sous des habits de maçons,
    Employèrent en...

  • Plaisirs d'un noble ami qui sait chérir ma veine,
    Mélanges gracieux de prés et de guérets,
    Rustique amphithéâtre où de sombres forêts
    S'élèvent chef sur chef pour voir couler la Seine.

    Délices de la vue, aimable et riche plaine !
    On s'en va mettre à bas les trésors de Cérès,
    Que l'on voit ondoyer comme un vaste marets
    Quand il est agité d'une...

  • (Extrait)

    Il vous sied bien, Monsieur le Tibre,
    De faire ainsi tant de façon,
    Vous dans qui le moindre poisson
    A peine a le mouvement libre :
    Il vous sied bien de vous vanter
    D'avoir de quoi le disputer
    A tous les fleuves de la terre ;
    Vous qui, comblé de trois moulins,
    N'oseriez défier en guerre
    La rivière des Gobelins.

  • Ces atomes de feu qui sur la neige brillent,
    Ces estincelles d'or, d'azur et de cristal
    Dont l'hyver, au soleil, d'un lustre oriental
    Pare ses cheveux blancs que les vents esparpillent ;

    Ce beau cotton du ciel dequoy les monts s'habillent,
    Ce pavé transparant fait du second metal,
    Et cet air net et sain, propre à l'esprit vital,
    Sont si doux à mes...

  • Ruisseau qui cours après toi-même
    Et qui te fuis toi-même aussi,
    Arrête un peu ton onde ici
    Pour écouter mon deuil extrême.
    Puis, quand tu l'auras su, va-t'en dire à la mer
    Qu'elle n'a rien de plus amer.

    Raconte-lui comme Sylvie,
    Qui seule gouverne mon sort,
    A reçu le coup de la mort
    Au plus bel âge de la vie,
    Et que cet accident...

  • Enfin la haute Providence
    Qui gouverne à son gré le temps,
    Travaillant à notre abondance
    Rendra les laboureurs contents :
    Sus ! que tout le monde s'enfuie,
    Je vois de loin venir la pluie,
    Le ciel est noir de bout en bout
    Et ses influences bénignes
    Vont tant verser d'eau sur les vignes
    Que nous n'en boirons point du tout.

    L'ardeur...

  • Fagoté plaisamment comme un vrai Simonnet,
    Pied chaussé, l'autre nu, main au nez, l'autre en poche,
    J'arpente un vieux grenier, portant sur ma caboche
    Un coffin de Hollande en guise de bonnet.

    Là, faisant quelque fois le saut du sansonnet,
    Et dandinant du cul comme un sonneur de cloche,
    Je m'égueule de rire, écrivant d'une broche
    En mots de Pathelin...