• O toi qui m'apparus dans ce désert du monde,
    Habitante du ciel, passagère en ces lieux !
    O toi qui fis briller dans cette nuit profonde
    Un rayon d'amour à mes yeux ;

    A mes yeux étonnés montre-toi tout entière,
    Dis-moi quel est ton nom, ton pays, ton destin.
    Ton berceau fut-il sur la terre ?
    Ou n'es-tu qu'un souffle divin ?

    Vas-tu revoir...

  • ... J'ai vécu ; c'est-à-dire à moi-même inconnu
    Ma mère en gémissant m'a jeté faible et nu ;
    J'ai compté dans le ciel le coucher et l'aurore
    D'un astre qui descend pour remonter encore,
    Et dont l'homme, qui s'use à les compter en vain,
    Attend, toujours trompé, toujours un lendemain ;
    Mon âme a, quelques jours, animé de sa vie
    Un peu de cette fange à...

  • ... Et l'astre qui tombait de nuage en nuage,
    Suspendait sur les flots son orbe sans rayon,
    Puis plongeait la moitié de sa sanglante image,
    Comme un navire en feu qui sombre à l'horizon ;

    Et la moitié du ciel pâlissait, et la brise
    Défaillait dans la voile, immobile et sans voix,
    Et les ombres couraient, et sous leur teinte grise
    Tout sur le ciel et l'...

  • Versez du sang ! frappez encore !
    Plus vous retranchez ses rameaux,
    Plus le tronc sacré voit éclore
    Ses rejetons toujours nouveaux !
    Est-ce un dieu qui trompe le crime ?
    Toujours d'une auguste victime
    Le sang est fertile en vengeur !
    Toujours échappé d'Athalie
    Quelque enfant que le fer oublie
    Grandit à l'ombre du Seigneur !

    Il est né l'...

  • O néant ! ô seul Dieu que je puisse comprendre !
    Silencieux abîme où je vais redescendre,
    Pourquoi laissas-tu l'homme échapper de ta main ?
    De quel sommeil profond je dormais dans ton sein !
    Dans l'éternel oubli j'y dormirais encore ;
    Mes yeux n'auraient pas vu ce faux jour que j'abhorre,
    Et dans ta longue nuit, mon paisible sommeil
    N'aurait jamais connu ni...

  • Aux bords de ton lac enchanté,
    Loin des sots préjugés que l'erreur déifie,
    Couvert du bouclier de ta philosophie,
    Le temps n'emporte rien de ta félicité ;
    Ton matin fut brillant ; et ma jeunesse envie
    L'azur calme et serein du beau soir de ta vie !

    Ce qu'on appelle nos beaux jours
    N'est qu'un éclair brillant dans une nuit d'orage,
    Et rien, excepté...

  • La coupe de mes jours s'est brisée encor pleine ;
    Ma vie hors de mon sein s'enfuit à chaque haleine ;
    Ni baisers ni soupirs ne peuvent l'arrêter ;
    Et l'aile de la mort, sur l'airain qui me pleure,
    En sons entrecoupés frappe ma dernière heure ;
    Faut-il gémir ? faut-il chanter ?...

    Chantons, puisque mes doigts sont encor sur la lyre ;
    Chantons, puisque...

  • Heureux l'oeil éclairé de ce jour sans nuage
    Qui partout ici-bas le contemple et le lit !
    Heureux le coeur épris de cette grande image,
    Toujours vide et trompé si Dieu ne le remplit !

    Ah ! pour celui-là seul la nature est son ombre !
    En vain le temps se voile et reculent les cieux !
    Le ciel n'a point d'abîme et le temps point de nombre
    Qui le cache à...

  • Pourquoi de tes regards percer ainsi mon âme ?
    Baisse, oh ! baisse tes yeux pleins d'une chaste flamme :
    Baisse-les, ou je meurs.
    Viens plutôt, lève-toi ! Mets ta main dans la mienne,
    Que mon bras arrondi t'entoure et te soutienne
    Sur ces tapis de fleurs.

    ............................................

    Aux bords d'un lac d'azur il est une colline...

  • Le soir ramène le silence.
    Assis sur ces rochers déserts,
    Je suis dans le vague des airs
    Le char de la nuit qui s'avance.

    Vénus se lève à l'horizon ;
    A mes pieds l'étoile amoureuse.
    De sa lueur mystérieuse
    Blanchit les tapis de gazon.

    De ce hêtre au feuillage sombre
    J'entends frissonner les rameaux :
    On dirait autour des tombeaux...