• Naples, 1822.

    Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
    Le doux frémissement des ailes du zéphyre
    À travers les rameaux,
    Ou l'onde qui murmure en caressant ces rives,
    Ou le roucoulement des colombes plaintives,
    Jouant aux bords des eaux ;

    Si, comme ce roseau qu'un souffle heureux anime,
    Tes cordes exhalaient ce langage sublime,
    Divin...

  • Voilà ce chêne solitaire
    Dont le rocher s'est couronné,
    Parlez à ce tronc séculaire,
    Demandez comment il est né.

    Un gland tombe de l'arbre et roule sur la terre,
    L'aigle à la serre vide, en quittant les vallons,
    S'en saisit en jouant et l'emporte à son aire
    Pour aiguiser le bec de ses jeunes aiglons;
    Bientôt du nid désert qu'emporte, la tempête...

  • Lorsque seul avec toi, pensive et recueillie,
    Tes deux mains dans la mienne, assis à tes côtés,
    J'abandonne mon âme aux molles voluptés
    Et je laisse couler les heures que j'oublie;
    Lorsqu'au fond des forêts je t'entraîne avec moi,
    Lorsque tes doux soupirs charment seuls mon oreille,
    Ou que, te répétant les serments de la veille,
    Je te jure à mon tour de n'...

  • ... L'astre qu'à ton berceau le mage vit éclore,
    L'étoile qui guida les bergers de l'aurore
    Vers le Dieu couronné d'indigence et d'affront,
    Répandit sur la terre un jour qui luit encore,
    Que chaque âge à son tour reçoit, bénit, adore
    Qui dans la nuit des temps jamais ne s'évapore,
    Et ne s'éteindra pas quand les cieux s'éteindront !

    Ils disent...

  • Ode

    Peuple ! des crimes de tes pères
    Le Ciel punissant tes enfants,
    De châtiments héréditaires
    Accablera leurs descendants !
    Jusqu'à ce qu'une main propice
    Relève l'auguste édifice
    Par qui la terre touche aux cieux,
    Et que le zèle et la prière
    Dissipent l'indigne poussière
    Qui couvre l'image des dieux !

    Sortez de vos débris antiques,
    ...

  • A de plus hauts degrés de l'échelle de l'être
    En traits plus éclatants Jehova va paraître,
    La nuit qui le voilait ici s'évanouit !
    Voyez aux purs rayons de l'amour qui va naître
    La vierge qui s'épanouit !

    Elle n'éblouit pas encore
    L'oeil fasciné qu'elle suspend,
    On voit qu'elle-même elle ignore
    La volupté qu'elle répand ;
    Pareille, en sa fleur...

  • Quand le Dieu qui me frappe, attendri par mes larmes,
    De mon coeur oppressé soulève un peu sa main,
    Et, donnant quelque trêve à mes longues alarmes,
    Laisse tarir mes yeux et respirer mon sein;

    Soudain, comme le flot refoulé du rivage
    Aux bords qui l'ont brisé revient en gémissant,
    Ou comme le roseau, vain jouet de l'orage,
    Qui plie et rebondit sous la...

  • (extraits)

    Quel fardeau te pèse, ô mon âme !
    Sur ce vieux lit des jours par l'ennui retourné,
    Comme un fruit de douleurs qui pèse aux flancs de femme
    Impatient de naître et pleurant d'être né ?
    La nuit tombe, ô mon âme ! un peu de veille encore !
    Ce coucher d'un soleil est d'un autre l'aurore.
    Vois comme avec tes sens s'écroule ta prison !
    Vois...

  • (Au peuple du 19 octobre 1830)

    Vains efforts ! périlleuse audace !
    Me disent des amis au geste menaçant,
    Le lion même fait-il grâce
    Quand sa langue a léché du sang ?
    Taisez-vous ! ou chantez comme rugit la foule ?
    Attendez pour passer que le torrent s'écoule
    De sang et de lie écumant !
    On peut braver Néron, cette hyène de Rome!
    Les brutes ont...

  • Murmure autour de ma nacelle,
    Douce mer dont les flots chéris,
    Ainsi qu'une amante fidèle,
    Jettent une plainte éternelle
    Sur ces poétiques débris.

    Que j'aime à flotter sur ton onde.
    A l'heure où du haut du rocher
    L'oranger, la vigne féconde,
    Versent sur ta vague profonde
    Une ombre propice au nocher !

    Souvent, dans ma barque sans...