• Le joli vin de mon ami
    N’est pas un gaillard endormi ;
    À peine échappé de la treille,
    Sans se soucier de vieillir,
    Il ne demande qu’à jaillir
    De la bouteille.

    Le cœur aussi de mon ami
    Ne se donne pas à demi ;
    Il n’est jamais d’humeur chagrine
    Toujours...

  • La bise siffle à ma porte…
    C’est l’hiver ! Mais que m’importe
    Après tout, l’hiver, alors
    Que je puis n’en rien connaître,
    Si, le nez à ma fenêtre,
    Je ne regarde dehors ?…

    Auprès du feu… sur ma table
    Un vin pur, indiscutable…
    Quelques compagnons élus,
    De tout repos, et que j’aime
    Au moins autant que moi-même,
    Que souhaité-je de...

  • Si j’étais roi de quelque endroit,
    Tout mon peuple serait ivrogne,
    Car je punirais sans vergogne
    Les ceuss qui marcheraient trop droit.

    J’aurais des ministres suaves
    Chargés tout naturellement
    De l’unique département
    De mes cuisines et mes caves.

    Des vignerons ! point de soldats,...

  • Laisserai-je passer l’automne,
    Sans le chanter ?
    Non, non. Je n’y puis résister ;
    Croyez-moi, c’est la bonne
    Saison....

  • L’été n’a pas été tenable.
    Il fit une chaleur du diable.
    — C’est imprimé, ça me suffit.
    Car moi, j’ai joui, dans ma cave,
    Tout l’été, d’un froid scandinave,
    Ce qui fut pour moi tout profit.

    Pendant des mois et des semaines,
    Il paraît qu’en certains domaines
    Il ne tomba pas assez d’eau
    ...

  • J’étais comme en plein sommeil
    Avant que de te connaître,
    Tel une tour sans fenêtre
    Où n’entre pas le soleil ;

    Si veule et si misérable
    Que même un estropié

    Eût pris mon sort en pitié,
    Et m’eût été secourable.

    Et, ma mie, juge un peu
    De ma profonde détresse,
    Je pouvais voir sans...

  • Brisez-leur pattes et vertèbres,
    Chassez les rats, les rats.
    Et puis versez du froment noir,
    Le soir,
    Dans les ténèbres.

    Jadis, lorsque mon cœur cassa,
    Une femme le ramassa
    Pour le donner aux rats.

    — Brisez-leur pattes et vertèbres.

    Brisez-leur pattes et vertèbres,
    Chassez les rats, les rats.
    Et puis...

  • Celui qui n’a rien dit
    Est mort, le cœur muet,
    Lorsque la nuit
    Sonnait
    Ses douze coups
    Au cœur des minuits fous.

    — Serrez-le vite en un linceul de paille,
    Les poings noués, et qu’il s’en aille.

    Celui qui n’a rien dit
    M’a pris mon âme et mon esprit.

    Celui qui n’a rien dit
    Est mort, le cœur muet,...

  • Je suis celui qui vaticine
    Comme les tours tocsinnent.

    J’ai vu passer à travers champs
    Trois linceuls blancs
    Qui s’avançaient, comme des gens.

    Ils portaient des torches ignées,
    Des faux blanches et des cognées.

    Peu importe l’homme qu’on soit,
    Moi seul je vois

    Je suis celui qui vaticine
    Comme les tours...

  •  
    Le crapaud noir sur le sol blanc
    Me fixe indubitablement
    Avec des yeux plus grands que n’est grande sa tête ;
    Ce sont les yeux qu’on m’a volés
    Quand mes regards s’en sont allés,
    Un soir, que je tournai la tête.

    Mon frère ? — il est quelqu’un qui ment,
    Avec de la farine entre ses dents ;
    C’est lui, jambes et bras en...