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    Quelques hommes sont nés pour un nouveau Sina,
    À d’immortels desseins Dieu les prédestina.
    Contre leur volonté tout obstacle se brise.
    Ils marquent leur chemin, d’un lumineux sillon,
    Et sur leur chef flamboie un lambeau du rayon
    Qui couronnait jadis la tête de Moïse.

    Dans l’ombre des berceaux ces êtres surhumains
    Sentent toucher leur front...

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    À l’honorable M. A.-R. Angers
    ancien gouverneur de la province de Québec

    Voilé par un bosquet, loin de tout œil profane,
    C’est l’asile du rêve et du recueillement.
    Que le printemps éclose, ou que l’été se fane,
    Seul, par moments, le bruit du fleuve diaphane
    Rompt le calme embaumé de cet endroit charmant.

    Seuls, les oiseaux,...

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    Le bronze colossal domine l’Océan,
    Où New-York, plein d’orgueil, mire son front géant,
    Où la vaste cité, nouvelle Babylone,
    Projette l’aveuglant éclat qui la couronne.
    Il nargue les assauts formidables des vents
    Et se rit des crachats que les grands flots mouvants
    Lui lancent dans leurs jours de délire et de rage.
    Le colosse n’a pas un frisson...

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    Le soleil fond la neige et fait rayonner l’eau ;
    Dans les branches frémit la sève prisonnière ;
    Et l’érable, sentant la chaleur printanière,
    Verse ses pleurs de miel au godet de bouleau.

    Dans le lointain d’azur une rose fumée
    Flotte sur le bois plein de bruits harmonieux ;
    Elle monte d’un feu de sarments résineux
    Où chauffe en gazouillant une...

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    La tempête a fermé son aile furibonde,
    Qui tout à l’heure encor fouettait les matelots ;
    La rafale du large étouffe ses sanglots ;
    Mais la vague toujours déferle, écume et gronde.

    La nuit tombe. Vers l’est pâli l’étoile blonde
    S’allume comme un phare illuminant les eaux.
    À terre tout se tait, la brise, les oiseaux,
    La charmille touffue et la...

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    Au poète Auguste Dorchain.

    Sous le ciel printanier, où le soleil levant
    Commence de verser sa lueur incertaine,
    Le lac voisin, moiré par l’haleine du vent,
    Berce un léger esquif sur son azur mouvant,
    Embaumé des senteurs subtiles du troène,
    Sous le ciel printanier, où le soleil levant
    Commence de verser sa lueur incertaine....

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    Au bord d’un lac doré par l’aube qui s’éveille,
    Où l’asphodèle embaume, où jase maint oiseau,
    Entre des oliviers dont le front s’ensoleille,
    Sous un abri de toile ombreux comme un berceau,
    La Vierge mère est là qui tourne son fuseau,
    Au bord d’un lac doré par l’aube qui s’éveille.

    À sa gauche, tout près, son enfant gracieux,
    — Sur lequel de la...

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    I

    Issu de ces Bretons, altiers comme le chêne,
    Qu’enivraient les clameurs du vent qui se déchaîne
    A travers les embruns des grands flots aboyants,
    De ces marins, aussi courageux que croyants,
    Qui sur chaque océan déferlaient leurs voilures,
    Cartier grandit avec la soif des aventures,
    Et coula sa jeunesse au bord du gouffre amer,
    Hanté...

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    La Toussaint. Le jour froid et livide agonise.
    La pluie en lourds filets choit des cieux éplorés ;
    Et dans sa vieille tour la cloche de l’église
    Se lamente en de longs et sourds misérérés.

    Avec une clameur lugubre la mer brise ;
    De grands oiseaux plaintifs s’abattent sur les prés ;
    Les ormes du chemin, flagellés par la bise,
    Poussent vers les...

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    Quand le gel d’octobre a dépouillé les érables,
    Que le vent refroidi fait écumer les flots,
    Hache et fusil aux poings et lourd bissac au dos,
    Le trappeur disparaît sous les bois insondables.

    Dans la forêt du nord, qui frange l’horizon,
    Seul avec ses fardeaux et son vieux chien Fidèle,
    Loubier s’en va, dardant devant lui sa prunelle,
    ...