• Peut-être que si j'ai osé t'écrire,
    langue prêtée, c'était pour employer
    ce nom rustique dont l'unique empire
    me tourmentait depuis toujours : Verger.

    Pauvre poète qui doit élire
    pour dire tout ce que ce nom comprend,
    un à peu près trop vague qui chavire,
    ou pire : la clôture qui défend.

    Verger : ô privilège d'une lyre
    de pouvoir te...

  • Vers quel soleil gravitent
    tant de désirs pesants ?
    De cette ardeur que vous dites,
    où est le firmament ?

    Pour l'un à l'autre nous plaire,
    faut-il tant appuyer ?
    Soyons légers et légères
    à la terre remuée
    par tant de forces contraires.

    Regardez bien le verger :
    c'est inévitable qu'il pèse ;
    pourtant de ce même malaise...

  • N'était-il pas, ce verger, tout entier,
    ta robe claire, autour de tes épaules ?
    Et n'as-tu pas senti combien console
    son doux gazon qui pliait sous ton pied ?

    Que de fois, au lieu de promenade,
    il s'imposait en devenant tout grand ;
    et c'était lui et l'heure qui s'évade
    qui passaient par ton être hésitant.

    Un livre parfois t'accompagnait...

  • Ai-je des souvenirs, ai-je des espérances,
    en te regardant, mon verger ?
    Tu te repais autour de moi, ô troupeau d'abondance
    et tu fais penser ton berger.

    Laisse-moi contempler au travers de tes branches
    la nuit qui va commencer.
    Tu as travaillé ; pour moi c'était un dimanche, -
    mon repos, m'a-t-il avancé ?

    D'être berger, qu'y a-t-il de...

  • De leur grâce, que font-ils,
    tous ces dieux hors d'usage,
    qu'un passé rustique engage
    à être sages et puérils ?

    Comme voilés par le bruit
    des insectes qui butinent,
    ils arrondissent les fruits ;
    (occupation divine).

    Car aucun jamais ne s'efface,
    tant soit-il abandonné ;
    ceux qui parfois nous menacent
    sont des dieux...

  • Heureux verger, tout tendu à parfaire
    de tous ses fruits les innombrables plans,
    et qui sait bien son instinct séculaire
    plier à la jeunesse d'un instant.

    Quel beau travail, quel ordre que le tien !
    Qui tant insiste dans les branches torses,
    mais qui enfin, enchanté de leur force,
    déborde dans un calme aérien.

    Tes dangers et les miens,...

  • Jamais la terre n'est plus réelle
    que dans tes branches, ô verger blond,
    ni plus flottante que dans la dentelle
    que font tes ombres sur le gazon.

    Là se rencontre ce qui nous reste,
    ce qui pèse et ce qui nourrit
    avec le passage manifeste
    de la tendresse infinie.

    Mais à ton centre, la calme fontaine,
    presque dormant en son ancien...