Tant de fois s'appointer, tant de fois se fascher,
Tant de fois rompre ensemble et puis se renoüer,
Tantost blasmer Amour et tantost le loüer,
Tant de fois se fuyr, tant de fois se chercher,
Tant de fois se monstrer, tant de fois se cacher,
Tantost se mettre au joug, tantost le secouer,
Advouer sa promesse et la desadvouer,
Sont signes que l'Amour de...
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Ô doux parler, dont l'appât doucereux
Nourrit encore la faim de ma mémoire,
Ô front, d'Amour le Trophée et la gloire,
Ô ris sucrés, ô baisers savoureux ;
Ô cheveux d'or, ô côteaux plantureux
De lis, d'oeillets, de porphyre et d'ivoire,
Ô feux jumeaux dont le ciel me fit boire
Ô si longs traits le venin amoureux ;
Ô vermillons, ô perlettes... -
J'ai l'esprit tout ennuyé
D'avoir trop étudié
Les Phénomènes d'Arate ;
Il est temps que je m'ébatte
Et que j'aille aux champs jouer.
Bons Dieux ! qui voudrait louer
Ceux qui, collés sus un livre,
N'ont jamais souci de vivre ?
Que nous sert l'étudier,
Sinon de nous ennuyer ?
Et soin dessus soin accroître
A nous, qui serons peut-être... -
Marie, à tous les coups vous me venez reprendre
Que je suis trop léger, et me dites toujours,
Quand je vous veux baiser, que j'aille à ma Cassandre,
Et toujours m'appelez inconstant en amours.
Je le veux être aussi, les hommes sont bien lourds
Qui n'osent en cent lieux neuve amour entreprendre.
Celui-là qui ne veut qu'à une seule entendre,
N'est pas... -
Ny voir flamber au point du jour les roses,
Ny liz plantez sus le bord d'un ruisseau,
Ny son de luth, ny ramage d'oyseau,
Ny dedans l'or les gemmes bien encloses,
Ny des Zephirs les gorgettes décloses,
Ny sur la mer le ronfler d'un vaisseau,
Ny bal de Nymphe au gazouillis de l'eau,
Ny voir fleurir au printemps toutes choses,
Ny camp armé de... -
Or que l'hiver roidit la glace épaisse,
Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse,
Non accroupis près le foyer cendreux,
Mais aux plaisirs des combats amoureux.
Assisons-nous sur cette molle couche.
Sus ! baisez-moi, tendez-moi votre bouche,
Pressez mon col de vos bras dépliés,
Et maintenant votre mère oubliez.
Que de la dent votre tétin je morde,
Que... -
Ronsard repose icy qui hardy dés enfance
Détourna d'Helicon les Muses en la France,
Suivant le son du luth et les traits d'Apollon :
Mais peu valut sa Muse encontre l'eguillon
De la mort, qui cruelle en ce tombeau l'enserre.
Son ame soit à Dieu, son corps soit à la terre. -
Je plante en ta faveur cet arbre de Cybèle,
Ce pin, où tes honneurs se liront tous les jours :
J'ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,
Qui croîtront à l'envi de l'écorce nouvelle.
Faunes qui habitez ma terre paternelle,
Qui menez sur le Loir vos danses et vos tours,
Favorisez la plante et lui donnez secours,
Que l'Été ne la brûle, et l'Hiver ne... -
L'an se rajeunissait en sa verte jouvence
Quand je m'épris de vous, ma Sinope cruelle ;
Seize ans étaient la fleur de votre âge nouvelle,
Et votre teint sentait encore son enfance.
Vous aviez d'une infante encor la contenance,
La parole, et les pas ; votre bouche était belle,
Votre front et vos mains dignes d'une Imrnortelle,
Et votre oeil, qui me fait... -
T'oseroit bien quelque poëte
Nyer des vers, douce aloüette ?
Quant à moy je ne l'oserois,
Je veux celebrer ton ramage
Sur tous oyseaus qui sont en cage,
Et sur tous ceus qui sont es bois.
Qu'il te fait bon ouyr ! à l'heure
Que le bouvier les champs labeure
Quand la terre le printems sent,
Qui plus de ta chanson est gaye,
Que couroussée de...