• Couché dans l’herbe pâle et froide de l’exil,
    Sous les ifs et les pins qu’argente le grésil,
    Ou bien errant, semblable aux formes que suscite
    Le rêve, par l’horreur du paysage scythe,
    Tandis qu’autour, pasteurs de troupeaux fabuleux,
    S’effarouchent les blancs Barbares aux yeux bleus,
    Le poète de l’art d’Aimer, le tendre Ovide
    Embrasse l’horizon d’un...

  •  
    Elle est si douce la pensée
    Qu’il faut, pour en sentir l’attrait,
    D’une vision commencée
    S’éveiller tout à coup distrait.

    Le cœur dépouillé la réclame ;
    Il ne la fait point revenir,
    Et cependant elle est dans l’âme,
    Et...

  • Quand le livre où s’endort chaque soir ma pensée,
    Quand l’air de la maison, les soucis du foyer,
    Quand le bourdonnement de la ville insensée
    Où toujours on entend quelque chose crier,

    Quand tous ces mille soins de misère ou de fête
    Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné,
    Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,
    Le regard de mon...

  •  
    La vipère du mal a mordu ta pensée,
    Poète, et dans ton sein la colombe blessée
    Palpite. Apaise-toi ; ferme ton noble cœur
    Aux stériles conseils d’une aveugle douleur.
    Souffre ; laisse venir les heures vengeresses.
    Mais pour le Mal alors plus de pitiés traîtresses !
    Quand cette heure de Dieu sonnera, fils du ciel,
    Arme ta juste main du glaive de...

  • Voilà les feuilles sans sève
    Qui tombent sur le gazon,
    Voilà le vent qui s'élève
    Et gémit dans le vallon,
    Voilà l'errante hirondelle .
    Qui rase du bout de l'aile :
    L'eau dormante des marais,
    Voilà l'enfant des chaumières
    Qui glane sur les bruyères
    Le bois tombé des forêts.

    L'onde n'a plus le murmure ,
    Dont elle enchantait les bois...

  • Elle est si douce, la pensée,
    Qu'il faut, pour en sentir l'attrait,
    D'une vision commencée
    S'éveiller tout à coup distrait.

    Le coeur dépouillé la réclame ;
    Il ne la fait point revenir,
    Et cependant elle est dans l'âme,
    Et l'on mourrait pour la finir.

    A quoi pensais-je tout à l'heure ?
    A quel beau songe évanoui
    Dois-je les...

  • Un soir, vaincu par le labeur
    Où s'obstine le front de l'homme,
    Je m'assoupis, et dans mon somme
    M'apparut un bouton de fleur.

    C'était cette fleur qu'on appelle
    Pensée ; elle voulait s'ouvrir,
    Et moi je m'en sentais mourir :
    Toute ma vie allait en elle.

    Echange invisible et muet :
    A mesure que ses pétales
    Forçaient les ténèbres...

  • A quatre heures du matin, l'été,
    Le sommeil d'amour dure encore.
    Sous les bosquets l'aube évapore
    L'odeur du soir fêté.

    Mais là-bas dans l'immense chantier
    Vers le soleil des Hespérides,
    En bras de chemise, les charpentiers
    Déjà s'agitent.

    Dans leur désert de mousse, tranquilles,
    Ils préparent les lambris précieux
    Où la richesse de...

  • La pensée est une eau sans cesse jaillissante.
    Elle surgit d'un jet puissant du coeur des mots,
    Retombe, s'éparpille en perles, jase, chante,
    Forme une aile neigeuse ou de neigeux rameaux,
    Se rompt, sursaute, imite un saule au clair de lune,
    S'écroule, décroît, cesse. Elle est soeur d'Ariel
    Et ceint l'écharpe aux tons changeants de la Fortune
    Où l'on...

  • J'attends secours de ma seule pensée :
    J'attends le jour, que l'on m'écondira,
    Ou que du tout la belle me dira :
    "Ami, t'amour sera récompensée."

    Mon alliance est fort bien commencée,
    Mais je ne sais comment il en ira :
    Car, s'elle veut, ma vie périra,
    Quoiqu'en amour s'attend d'être avancé

    Si j'ai refus, vienne Mort insensée :
    A son...