• La brise émeut les rameaux bruns,
    L'aube déjà blanchit le store ;
    Tout devient rose, c'est l'aurore !
    Le palais s'emplit de parfums.

    L'air du ciel mêle le ramage
    Des fontaines et des oiseaux ;
    Les fleurs de la terre et des eaux
    Offrent au printemps leur hommage...

    Ô feuilles des saules tremblants,
    Vous êtes de l'or fin ! Vous êtes
    ...

  • Une averse a lavé le ciel. Il se fait tard.
    Le creux de la vallée est couvert de brouillard ;
    Mais sur les coteaux clairs luit au loin la feuillée,
    Et le firmament mêle à la forêt mouillée
    Des palpitations de clarté pâle. Amis,
    L'heure est propice : allons, par les bois endormis,
    Dans les champs, au-dessus de la prairie humide,
    Voir Vénus qui se lève à l'...

  • Le soir, après avoir veillé tard sur un livre,
    Quand ma lampe charbonne en son cercle de cuivre,
    Quand au loin, dans Paris silencieux et noir,
    L'écho des derniers pas meurt le long du trottoir,
    Je sors de mon travail fiévreux, comme d'un rêve.

  • La plage étincelle, fume
    Et retentit, vaste enclume
    Que les vagues et le vent
    Couvrent de bruit et d'écume.
    Je vais, selon ma coutume,
    Le long du galet mouvant,
    Les yeux au large, rêvant
    Quelque rêve décevant
    Salé de fraîche amertume.
    Avec leurs doux cris joyeux
    Et leurs mines ingénues,
    De beaux enfants, jambes nues,
    Se mouillent à...

  • Belle épousée,
    J'aime tes pleurs !
    C'est la rosée
    Qui sied aux fleurs.

    Les belles choses
    N'ont qu'un printemps,
    Semons de roses
    Les pas du Temps !

    Soit brune ou blonde
    Faut-il choisir ?
    Le Dieu du monde,
    C'est le Plaisir.

  • Quand le Soleil du soir parcourt les Tuileries
    Et jette l'incendie aux vitres du château,
    Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d'eau
    Tout plongé dans mes rêveries !

    Et de là, mes amis, c'est un coup d'oeil fort beau
    De voir, lorsqu'à l'entour la nuit répand son voile,
    Le coucher du soleil, - riche et mouvant tableau,
    Encadré dans l'arc de l'Etoile...

  • La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
    Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
    Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants
    Cette chanson d'amour qui toujours recommence ? ...

    Reconnais-tu le TEMPLE au péristyle immense,
    Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
    Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
    Où du dragon vaincu...

  • qui m'avait donné son livre du Rhin

    De votre amitié, maître, emportant cette preuve
    Je tiens donc sous mon bras "le Rhin". - J'ai l'air d'un fleuve
    Et je me sens grandir par la comparaison.

    Mais le Fleuve sait-il lui pauvre Dieu sauvage
    Ce qui lui donne un nom, une source, un rivage,
    Et s'il coule pour tous quelle en est la raison.

    Assis...

  • En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
    Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
    Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
    L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.

    Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
    Une vallée humide et de lilas couverte,
    Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, -
    Et la route et le bruit sont...

  • I

    Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras
    Sous les arbres sacrés, comme font les poètes,
    Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes,
    Et se jugea trahi par des amis ingrats ;

    Il se tourna vers ceux qui l'attendaient en bas
    Rêvant d'être des rois, des sages, des prophètes...
    Mais engourdis, perdus dans le sommeil des bêtes,
    Et...