• Oh ! pourquoi voyager ? as-tu dit. C'est que l'âme
    Se prend de longs ennuis et partout et toujours ;
    C'est qu'il est un désir, ardent comme une flamme,
    Qui, nos amours éteints, survit à nos amours !
    C'est qu'on est mal ici ! - Comme les hirondelles,
    Un vague instinct d'aller nous dévore à mourir ;
    C'est qu'à nos coeurs, mon Dieu ! vous avez mis des ailes.
    ...

  • Quand vous suiviez ma trace,
    J'allais avoir quinze ans,
    Puis la fleur, puis la grâce,
    Puis le feu du printemps.

    J'étais blonde et pliante
    Comme l'épi mouvant,
    Et surtout moins savante
    Que le plus jeune enfant.

    J'avais ma douce mère,
    Me guidant au chemin,
    Attentive et sévère
    Quand vous cherchiez ma main.

    C'est beau la...

  • Pourquoi triste, ô mon âme
    Triste jusqu'à la mort,
    Quand l'effort te réclame,
    Quand le suprême effort
    Est là qui te réclame ?

    Ah, tes mains que tu tords
    Au lieu d'être à la tâche,
    Tes lèvres que tu mords
    Et leur silence lâche,
    Et tes yeux qui sont morts !

    N'as-tu pas l'espérance
    De la fidélité,
    Et, pour plus d'assurance...

  • Oh ! dis ! pourquoi toujours regarder sous la terre,
    Interroger la tombe et chercher dans la nuit ?
    Et toujours écouter, penché sur cette pierre
    Comme espérant un bruit ?

    T'imagines-tu donc que ceux que nous pleurâmes
    Sont là couchés sous l'herbe, attentifs à nos pas ?
    Crois-tu donc que c'est là qu'on retrouve les âmes ?
    Songeur, ne sais-tu pas...

  • Je ne vois pas pourquoi je ferais autre chose
    Que de rêver sous l'arbre où le ramier se pose ;
    Les chars passent, j'entends grincer les durs essieux ;

    Quand les filles s'en vont laver à la fontaine,
    Elles prêtent l'oreille à ma chanson lointaine,
    Et moi je reste au fond des bois mystérieux,

    Parce que le hallier m'offre des fleurs sans nombre,
    ...

  • Et qu'importent et les pourquoi et les raisons
    Et qui nous fûmes et qui nous sommes :
    Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons
    Qui s'ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes.

    Je ne raisonne pas, et ne veux pas savoir
    Et rien ne troublera ce qui n'est que mystère
    Et qu'élans doux et que ferveur involontaire
    Et que tranquille essor...