Quand je mourrai, que l’on me mette,
Avant de clouer mon cercueil,
Un peu de rouge à la pommette,
Un peu de noir au bord de l’œil ;

Car je veux, dans ma bière close,
Comme le soir de son aveu,
Rester éternellement rose
Avec du khol sous mon œil bleu....

L’infini m’a prise, ami, je suis morte ;
Je lègue mon ombre à tes bras déserts…
D’autres s’en iront frapper à ta porte ;
J’ai, comme un oiseau, pris la clef des airs.

Nos âmes, toujours, ne sont pas fidèles ;
J’avais le pied rose et l’œil andaloux,
J’ignorais...

Dors : ce lit est le tien... Tu n'iras plus au nôtre.
- Qui dort dîne. - A tes dents viendra tout seul le foin.
Dors : on t'aimera bien - L'aimé c'est toujours l'Autre...
Rêve : La plus aimée est toujours la plus loin...

Dors : on t'appellera beau décrocheur détoiles !...

Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse ;

Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu'assouplit un...

Quand je mourrai, que l'on me mette,
Avant de clouer mon cercueil,
Un peu de rouge à la pommette,
Un peu de noir au bord de l'oeil.

Car je veux dans ma bière close,
Comme le soir de son aveu,
Rester éternellement rose
Avec du kh'ol sous mon oeil bleu....