• Coeur de profil, petite âme douillette,
    Tu veux te tremper un matin en moi,
    Comme on trempe, en levant le petit doigt,
    Dans son café au lait une mouillette !

    Et mon amour, si blanc, si vert, si grand,
    Si tournoyant ! ainsi ne te suggère
    Que pas-de-deux, silhouettes légères
    A enlever sur ce solide écran !

    Adieu. - Qu'est-ce encor ?...

  • Le coeur blanc tatoué
    De sentences lunaires,
    Ils ont : " Faut mourir, frères ! "
    Pour mot-d'ordre-Évohé.

    Quand trépasse une vierge,
    Ils suivent son convoi,
    Tenant leur cou tout droit
    Comme on porte un beau cierge.

    Rôle très-fatigant,
    D'autant qu'ils n'ont personne
    Chez eux, qui les frictionne
    D'un conjugal onguent....

  • Ah ! sans Lune, quelles nuits blanches,
    Quels cauchemars pleins de talent !
    Vois-je pas là nos cygnes blancs ?
    Vient-on pas de tourner la clanche ?

    Et c'est vers toi que j'en suis là,
    Que ma conscience voit double,
    Et que mon coeur pêche en eau trouble,
    Ève, Joconde et Dalila !

    Ah ! par l'infini circonflexe
    De l'ogive où j'ahanne...

  • J'entends battre mon Sacré-Coeur
    Dans le crépuscule de l'heure,
    Comme il est méconnu, sans soeur,
    Et sans destin, et sans demeure !

    J'entends battre ma jeune chair
    Équivoquant par mes artères,
    Entre les Édens de mes vers
    Et la province de mes pères.

    Et j'entends la flûte de Pan
    Qui chante : " bats, bats la campagne !
    " Meurs...

  • C'est, sur un cou qui, raide, émerge
    D'une fraise empesée idem,
    Une face imberbe au cold-cream,
    Un air d'hydrocéphale asperge.

    Les yeux sont noyés de l'opium
    De l'indulgence universelle,
    La bouche clownesque ensorcèle
    Comme un singulier géranium.

    Bouche qui va du trou sans bonde
    Glacialement désopilé,
    Au transcendental en-...

  • Comme ils vont molester, la nuit,
    Au profond des parcs, les statues,
    Mais n'offrant qu'aux moins dévêtues
    Leur bras et tout ce qui s'ensuit,

    En tête-à-tête avec la femme
    Ils ont toujours l'air d'être un tiers,
    Confondent demain avec hier,
    Et demandent Rien avec âme !

    Jurent " je t'aime ! " l'air là-bas,
    D'une voix sans timbre, en...

  • Que loin l'âme type
    Qui m'a dit adieu
    Parce que mes yeux
    Manquaient de principes !

    Elle, en ce moment,
    Elle, si pain tendre,
    Oh ! peut-être engendre
    Quelque garnement.

    Car on l'a unie
    Avec un monsieur,
    Ce qu'il y a de mieux,
    Mais pauvre en génie.

  • Eh bien oui, je l'ai chagrinée,
    Tout le long, le long de l'année ;
    Mais quoi ! s'en est-elle étonnée ?

    Absolus, drapés de layettes,
    Aux lunes de miel de l'Hymette,
    Nous avions par trop l'air vignette !

    Ma vitre pleure, adieu ! l'on bâille
    Vers les ciels couleur de limaille
    Où la Lune a ses funérailles.

    Je ne veux accuser nul...

  • Ah ! le divin attachement
    Que je nourris pour Cydalise,
    Maintenant qu'elle échappe aux prises
    De mon lunaire entendement !

    Vrai, je me ronge en des détresses,
    Parmi les fleurs de son terroir
    À seule fin de bien savoir
    Quelle est sa faculté-maîtresse !

    - C'est d'être la mienne, dis-tu ?
    Hélas ! tu sais bien que j'oppose
    Un...

  • Tu dis que mon coeur est à jeun
    De quoi jouer tout seul son rôle,
    Et que mon regard ne t'enjôle
    Qu'avec des infinis d'emprunt !

    Et tu rêvais avoir affaire
    À quelque pauvre in-octavo...
    Hélas ! c'est vrai que mon cerveau
    S'est vu, des soirs, trois hémisphères.

    Mais va, l'oeillet de tes vingt ans,
    Je l'arrose aux plus belles âmes...