Pour aimer une fois encor, mais une seule,
Je veux, libertin repentant,
La vierge qui, rêveuse aux genoux d’une aïeule,
Sans m’avoir jamais vu, m’attend.
Elle est pieuse et sage ; elle dit ses...
Pour aimer une fois encor, mais une seule,
Je veux, libertin repentant,
La vierge qui, rêveuse aux genoux d’une aïeule,
Sans m’avoir jamais vu, m’attend.
Elle est pieuse et sage ; elle dit ses...
Morne fatalité, Vieillesse, horreur des yeux,
O Vieillesse, ironie amère dont les Dieux
Se plaisent à railler le néant que nous sommes,
Toi par qui les plus beaux et les meilleurs des hommes
Sont déchus, dégradés, sont tout chargés de maux,
Et courbés vers le sol comme des animaux,
Pourquoi subissons-nous l’horreur de ton outrage ?
— Dieux du sublime...
Dernier rameau d’un tronc pourri,
Dernier feuillet d’un vilain livre,
Dernière injure, dernier cri
Que poussera l’univers ivre ;
Toi qui baisseras le rideau,
Dernier acteur du noir théâtre,
Dernier torturé du bourreau,
Dernier enfant de la marâtre ;
Toi qui viendras au dernier rang
Dans la procession humaine,
Désespéré, sombre et...
La pierre était triste, en songeant au chêne
Qui libre et puissant croît au grand soleil,
Du haut des rochers regarde la plaine,
Et frissonne et rit quand l’air est vermeil.
Le chêne était triste, en songeant aux bêtes
Qu’il voyait courir sous l’ombre des bois,
Aux cerfs bondissants et dressant leurs têtes,
Et jetant au ciel des éclats de voix.
Oui, certes, la matière était splendide et pure
Dans laquelle les doigts de la grande Nature
Ont avec tant d’amour ciselé sa beauté ;
Et rien n’est glorieux comme cette fierté
Tranquille, dont l’ampleur souple et majestueuse
Revêt nonchalamment sa grâce fastueuse.
J’aime son front de marbre impassible, et son œil
Où rayonne le froid soleil de son...
Longuement poursuivi par le spleen détesté,
Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été.
Au grand air rafraîchir mes tempes,
Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
Cheminer lentement, deux par deux, enlacés
...
Veux-tu, sur les grands monts aux vertes chevelures,
Où l’haleine des soirs balsamiques t’attend,
Voir aux molles lueurs de Vesper hésitant,
Des chevriers tardifs les étranges allures ;
Et sur ces flancs ouvrés en mille dentelures
Me dire ces vieux airs où le cœur se plaît tant,
D’une bouche enfantine et le sein palpitant
Comme un doux gonflement de...
Pareille en ton caprice aux reines d’Orient,
Bizarre déité, qui fais en souriant
Mourir ceux qui venaient de s’enivrer la tête
Aux parfums de ton corps, à la brûlante fête
Que leur donnaient tes seins d’où ruisselait l’amour :
— Reine, malgré la mort, quand apparaît le jour,
Malgré ta cruauté tranquille, et les mensonges
De tes bras repliés pour...
Oh ! si tu pouvais, comme la sirène,
Emporter mon cœur dans le fond des eaux,
Dans un clair palais, où tu serais reine,
Dans un palais clair tout rempli d’oiseaux,
Où près des bassins faits de porcelaine,
Pleins de nénuphars et de longs roseaux,
Je m’endormirais en ta chère haleine,
Sentant sur mon cœur la fraîcheur des eaux.
Oh ! si tu pouvais...
Accoudé quelquefois derrière ma persienne,
Que le soleil discret visite obliquement,
Je regarde passer une parisienne
Qui s’éloigne d’un leste et gai sautillement.
Avec son air mutin, son bonnet de dentelle
Posé sur ses cheveux comme un blanc papillon,
Sa robe à chaque pas soulevée autour d’elle,
Elle fuit, elle fuit, gracieux tourbillon,
Et...