• Je suis celui des pourritures grandioses
    Qui s'en revient du pays mou des morts ;
    Celui des Ouests noirs du sort
    Qui te montre, là-bas, comme une apothéose,
    Son île immense, où des guirlandes ,
    De détritus et de viandes
    Se suspendent,
    Tandis, qu'entre les fleurs somptueuses des soirs,
    S'ouvrent les grands yeux d'or de crapauds noirs.

    ...

  • Mets ta chaise près de la mienne
    Et tends les mains vers le foyer
    Pour que je voie entre tes doigts
    La flamme ancienne
    Flamboyer ;
    Et regarde le feu
    Tranquillement, avec tes yeux
    Qui n'ont peur d'aucune lumière
    Pour qu'ils me soient encore plus francs
    Quand un rayon rapide et fulgurant
    Jusques au fond de toi les frappe et les éclaire...

  • Comme un torse de pierre et de métal debout
    Le monument de l'or dans les ténèbres bout.

    Dès que morte est la nuit et que revit le jour,
    L'immense et rouge carrefour
    D'où s'exalte sa quotidienne bataille
    Tressaille.

    Des banques s'ouvrent tôt et leurs guichets,
    Où l'or se pèse au trébuchet,
    Voient affluer - voiles légères - par flottes,...

  • Quand le ciel étoilé couvre notre demeure
    Nous nous taisons durant des heures
    Devant son feu intense et doux
    Pour nous sentir, plus fervemment, émus de nous.

    Les grands astres d'argent tracent là-haut leur route ;
    Sous les flammes et les lueurs
    La nuit étend ses profondeurs
    Et le calme est si grand que l'océan l'écoute !

    Mais qu'importe que...

  • Vers son manoir de marbre,
    Qui domine les bois,
    L'évêque en fer et en orfroi,
    Le dimanche, s'en va,
    Moment d'éclair et d'or, parmi les lignes d'arbres.

    Le ruisseau mire sa monture
    Et son pennon de haut en bas,
    SI bien qu'il marche, en son voyage,
    Avec sa grande image
    A ses côtés, sous la ramure,
    De pas en pas.

    Les bois...

  • Dans la clarté plénière et ses rayons soudains
    Brûlant, jusques au coeur, les ramures profondes,
    Femmes dont les corps nus brillent en ces jardins,
    Vous êtes des fragments magnifiques du monde.

    Au long des buis ombreux et des hauts escaliers,
    Quand vous passez, joyeusement entrelacées,
    Votre ronde simule un mouvant espalier
    Chargé de fruits pendus...

  • Et par le traître écho des horizons plongeurs,
    Et par l'antique appel des sybilles lointaines,
    Et par les au-delà mystérieux des plaines,
    Un soir, se sont sentis hélés, les voyageurs.

    Partis !
    Les quais étaient électrisés de lunes,
    Et le navire, avec ses mâts pavoisés d'or
    Et ses mousses d'ébène ornait gaîment son bord ;
    Et les vagues...

  • Moines, vos chants du soir roulent parmi leurs râles
    Le flux et le reflux des douleurs vespérales.

    Lorsque dans son lit froid, derrière sa cloison,
    Le malade redit sa dernière oraison ;

    Lorsque la folie arde au coeur les lunatiques,
    Et que la toux mord à la gorge les étiques ;

    Lorsque les yeux troublés de ceux qui vont mourir,
    Tout en...

  • Dites, quel est le pas
    Des mille pas qui vont et passent
    Sur les grand'routes de l'espace,
    Dites, quel est le pas
    Qui doucement, un soir, devant ma porte basse
    S'arrêtera ?

    Elle est humble, ma porte,
    Et pauvre, ma maison.
    Mais ces choses n'importent.

    Je regarde rentrer chez moi tout l'horizon
    A chaque heure du jour, en...

  • Égarons-nous, mon âme, en ces cryptes funestes,
    Où la douleur, par des crimes, se définit,
    Où chaque dalle, au long du mur, atteste
    Qu'un meurtre noir, à toute éternité,
    Est broyé là, sous du granit.

    Des pleurs y tombent sur les morts ;
    Des pleurs sur des corps morts
    Et leurs remords,
    Y tombent ;
    Des coeurs ensanglantés d'amour
    ...