• Sur l'arrière de son bateau,
    Le batelier promène
    Sa maison naine
    Par les canaux.

    Elle est joyeuse, et nette, et lisse,
    Et glisse
    Tranquillement sur le chemin des eaux.
    Cloisons rouges et porte verte,
    Et frais et blancs rideaux
    Aux fenêtres ouvertes.

    Et, sur le pont, une cage d'oiseau
    Et deux baquets et un tonneau ;
    Et le...

  • Larges voiles au vent, ainsi que des louanges,
    La proue ardente et fière et les haubans vermeils,
    Le haut navire apparaissait, comme un archange
    Vibrant d'ailes qui marcherait, dans le soleil.

    La neige et l'or étincelaient sur sa carène ;
    Il étonnait le jour naissant, quand il glissait
    Sur le calme de l'eau prismatique et sereine ;
    Les mirages,...

  • Routes de fer vers l'horizon :
    Blocs de cendres, talus de schistes,
    Où sur les bords un agneau triste
    Broute les poils d'un vieux gazon ;
    Départs brusques vers les banlieues,
    Rails qui sonnent, signaux qui bougent,
    Et tout à coup le passage des yeux
    Crus et sanglants d'un convoi rouge ;
    Appels stridents, ouragans noirs,
    Pays de brasiers roux et d'...

  • Si d'autres fleurs décorent la maison
    Et la splendeur du paysage,
    Les étangs purs luisent toujours dans le gazon,
    Avec les grands yeux d'eau de leur mouvant visage.

    Dites de quels lointains profonds et inconnus
    Tant de nouveaux oiseaux sont-ils venus,
    Avec du soleil sur leurs ailes ?

    Juillet a remplacé Avril dans le jardin
    Et les tons bleus...

  • Un bloc de marbre où son nom luit sur une plaque.

    Ventre riche, mâchoire ardente et menton lourd ;
    Haine et terreur murant son gros front lourd
    Et poing taillé pour fendre en deux toutes attaques.

    Le carrefour, solennisé de palais froids,
    D'où ses regards têtus et violents encore
    Scrutent quels feux d'éveil bougent dans telle aurore,
    Comme sa...

  • Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
    Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
    Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
    Est triste et faible et lourde et lasse, infiniment.

    Depuis l'aube, ses bras, comme des bras de plainte,
    Se sont tendus et sont tombés ; et les voici
    Qui retombent encor, là-bas, dans l'air noirci
    Et le silence...

  • Je vous invoque ici, Moines apostoliques,
    Chandeliers d'or, flambeaux de foi, porteurs de feu,
    Astres versant le jour aux siècles catholiques,
    Constructeurs éblouis de la maison de Dieu ;

    Solitaires assis sur les montagnes blanches,
    Marbres de volonté, de force et de courroux,
    Prêcheurs tenant levés vos bras à longues manches
    Sur les remords...

  • L'immobile beauté
    Des soirs d'été,
    Sur les gazons où ils s'éploient,
    Nous offre le symbole
    Sans geste vain, ni sans parole,
    Du repos dans la joie.

    Le matin jeune et ses surprises
    S'en sont allés, avec les brises ;
    Midi lui-même et les pans de velours
    De ses vents chauds, de ses vents lourds
    Ne tombe plus sur la plaine torride ;
    Et...

  • L'absurdité grandit comme une fleur fatale
    Dans le terreau des sens, des coeurs et des cerveaux ;
    En vain tonnent, là-bas, les prodiges nouveaux ;
    Nous, nous restons croupir dans la raison natale.

    Je veux marcher vers la folie et ses soleils,
    Ses blancs soleils de lune au grand midi, bizarres,
    Et ses échos lointains, mordus de tintamarres
    Et d'...

  • Dites, les gens, les vieilles gens,
    Que s'exaltent les coeurs dans vos hameaux ;
    Dites, les gens, les vieilles gens,
    Que la clarté s'éveille en vos carreaux
    Qui regardent la route,
    Car les mages avec leurs blancs manteaux,
    Car les bergers avec leurs blancs troupeaux,
    Sont là qui débouchent et qui écoutent
    Et qui s'avancent sur la route.
    ...