• Aube joyeuse et joli gel,
    Toute la ville est cristalline
    Et se pare comme un autel :
    Termonde, Alost, Lierre, Malines.

    Ouates, flocons, mousses, linons,
    La neige a chu par avalanches ;
    Si purs et nets sont les pignons,
    Que l’on dirait des nonnes blanches.

    La couche des glaçons vitreux
    Couvre les quais et leurs eaux noires,
    Et les...

  • La plaine, au loin, est uniforme et morne
    Et l’étendue est veule et grise
    Et Novembre qui se précise
    Bat l’infini, d’une aile grise.

    De village en village, un vent moisi
    Appose aux champs sa flétrissure ;
    L’air est moite ; le sol, ainsi
    Que pourriture et bouffissure.

    Sous leurs torchis qui se lézardent,
    Les chaumières,...

  •  
    Vents, dénouez mes longs cheveux
    Et brûlez-en mes amoureux.

    Mouillez mes mains, fraîche rosée,
    Et qu’aussitôt mille désirs
    Se rassemblent pour les saisir
    Quand je les tends de ma croisée.

     
    ...

  • La Mort a bu du sang
    Au cabaret des Trois Cercueils.

    La Mort a mis sur le comptoir
    Un écu noir,
    « C’est pour les cierges et pour les deuils. »

    Des gens s’en sont allés
    Tout lentement
    Chercher le sacrement.

    On a vu cheminer le prêtre

    La Mort a bu du sang
    Au cabaret des Trois Cercueils.

    La Mort a mis...

  •  
    La mort a bu du sang
    Au cabaret des Trois Cercueils.

    La Mort a mis sur le comptoir
    Un écu noir ;
    Et puis s’en est allée.

    « C’est pour les cierges et pour les deuils »
    Et puis s’en est allée.

    La Mort s’en est allée
    Tout lentement
    Chercher le sacrement.

    ...

  • Avec ses doux yeux bleus

    Pâlis
    Aux vastes feux des cieux,
    La fleur de lin regarde, en leurs méandres,
    Couler l’Escaut ou s’attarder la Lys.
    La fleur de lin est fleur de Flandre.

    On l’aime au pays clair
    Où les moulins tournent dans l’air
    Ainsi que des étoiles ;
    Où les bateaux larges et bas
    Passent...

  • En ces heures de jeune et bel avril dardé,
    L’hiver, à tout jamais, semble barricadé
    Là-bas, au nord, derrière un mur géant de glace.
    Des souffles doux à de longs vols d’oiseaux s’enlacent
    Et visitent les champs, les bois et les vergers.
    Les abricotiers clairs et les pêchers légers
    Se décorent de fleurs blanches, roses, vermeilles
    Pour leurs noces avec...

  • LA FORÊT

    La forêt est un monde et sa vie est la mienne.

    D’aussi loin qu’il me souvienne,
    Sa présence me fut un magnifique émoi ;
    Tout jeune encor, quand je m’en fus vers elle,
    Je sentis pénétrer sa rumeur éternelle
    Obscurément, au fond de moi.

    J’en avais crainte et joie et j’aimais le mystère...

  • LA FORÊT

    C’est aujourd’hui le domaine des seuls oiseaux,
    Ce bois que les siècles décorent.

    Dans le mirage en or des soirs et des aurores,
    Au bord de l’île, où les mers s’éplorent,
    II flotte et bouge au loin, sur la splendeur des eaux.

    Il est d’éternité,
    Puisque personne
    Ne se rappelle avoir...

  • Sur la route, près des labours,
    Le forgeron énorme et gourd,
    Depuis les temps déjà si vieux, que fument
    Les émeutes du fer et des aciers sur son enclume,
    Martèle, étrangement, près des flammes intenses,
    À grands coups pleins, les pâles lames
    Immenses de la patience.

    Tous ceux du bourg qui habitent son coin,
    Avec la haine en...