• Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
    Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
    Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
    Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

    Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
    Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
    La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
    Et la treille où le Pampre à la Rose s...

  • A Victor Hugo

    I

    Oh ! le Vingt-sept juillet, quand les couleurs chéries,
    Joyeuses, voltigeaient sur les toits endormis,
    Après que dans le Louvre et dans les Tuileries
    On eut traqué les ennemis !
    Le plus fort était fait... que cette nuit fut belle !
    Près du retranchement par nos mains élevé,
    Combien nous étions fiers de faire sentinelle...

  • Colonne de saphir, d'arabesques brodée,
    Reparais ! Les ramiers s'envolent de leur nid ;
    De ton bandeau d'azur à ton pied de granit
    Se déroule à longs plis la pourpre de Judée.

    Si tu vois Bénarès, sur son fleuve accoudée,
    Détache avec ton arc ton corset d'or bruni
    Car je suis le vautour volant sur Patani,
    Et de blancs papillons la mer est inondée...

  • Lorsque dans nos vertes campagnes
    La nuit
    Descend du sommet des montagnes
    Sans bruit...
    Malheur à toi qui dans nos plaines
    Poursuis un voyage imprudent...
    Entends-tu des forêts lointaines
    Sortir un long rugissement ?...
    C'est Han !
    C'est Han !
    C'est Han d'Islande...
    Han ! Han ! Han ! Han !

    Cet homme qui recèle une âme...

  • Ode

    I

    Le Temps ne surprend pas le sage ;
    Mais du Temps le sage se rit,
    Car lui seul en connaît l'usage ;
    Des plaisirs que Dieu nous offrit,
    Il sait embellir l'existence ;
    Il sait sourire à l'espérance,
    Quand l'espérance lui sourit.

    II

    Le bonheur n'est pas dans la gloire,
    Dans les fers dorés d'une cour,
    ...

  • (Imitée de Thomas Moore)

    Le soleil du matin commençait sa carrière,
    Je vis près du rivage une barque légère
    Se bercer mollement sur les flots argentés.
    Je revins quand la nuit descendait sur la rive :
    La nacelle était là, mais l'onde fugitive
    Ne baignait plus ses flancs dans le sable arrêtés.

    Et voilà notre sort ! au matin de la vie
    Par des...

  • Mon doux pays des Espagnes
    Qui voudrait fuir ton beau ciel,
    Tes cités et tes montagnes,
    Et ton printemps éternel ?

    Ton air pur qui nous enivre,
    Tes jours, moins beaux que tes nuits,
    Tes champs, où Dieu voudrait vivre
    S'il quittait son paradis.

    Autrefois ta souveraine,
    L'Arabie, en te fuyant,
    Laissa sur ton front de reine
    Sa...

  • Déjà les beaux jours, - la poussière,
    Un ciel d'azur et de lumière,
    Les murs enflammés, les longs soirs ; -
    Et rien de vert : - à peine encore
    Un reflet rougeâtre décore
    Les grands arbres aux rameaux noirs !

    Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
    - Ce n'est qu'après des jours de pluie
    Que doit surgir, en un tableau,
    Le printemps verdissant et rose...

  • Petit piqueton de Mareuil,
    Plus clairet qu'un vin d'Argenteuil,
    Que ta saveur est souveraine !
    Les Romains ne t'ont pas compris
    Lorsqu'habitant l'ancien Paris
    Ils te préféraient le Surène.

    Ta liqueur rose, ô joli vin !
    Semble faite du sang divin
    De quelque nymphe bocagère ;
    Tu perles au bord désiré
    D'un verre à côtes, coloré
    ...

  • Une femme est l'amour, la gloire et l'espérance ;
    Aux enfants qu'elle guide, à l'homme consolé,
    Elle élève le coeur et calme la souffrance,
    Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.

    Courbé par le travail ou par la destinée,
    L'homme à sa voix s'élève et son front s'éclaircit ;
    Toujours impatient dans sa course bornée,
    Un sourire le dompte et son...