• Sonnet

    Vous êtes jeune et belle, et vos lèvres rieuses
    N'ont que charmants souris tout fraîchement éclos ;
    Le temps sonne pour vous ses heures folles, joyeuses
    Qui vont se succédant comme les flots aux flots.

    L'amour pour vos plaisirs rend plus voluptueuses
    Ces langueurs qui s'en vont en de tendres sanglots ;
    La fortune, les ris, et les...

  • A Herminie.

    Ô toi, que mon amour profond et sans mélange
    Formé de ton image et de ton souvenir,
    Avait su distinguer en l'auguste phalange
    Des jeunes beautés dont nous faisons notre ange
    Pour nous guider dans l'avenir,

    Toi que tout rappelait à mon âme inquiète,
    Et dont l'âme sans cesse assise auprès de moi,
    Me dérobait du temps, qu'à...

  • J'aime ces doux oiseaux, qui promènent dans l'air
    Leur vie et leur amour, et plus prompts que l'éclair,
    Qui s'envolent ensemble !
    J'aime la fleur des champs, que l'on cueille au matin,
    Et que le soir, au bal, on pose sur son sein
    Qui d'enivrement tremble !

    J'aime les tourbillons des danses, des plaisirs,
    Les fêtes, la toilette, et les tendres...

  • Sonnet

    Au levant de la nef, penchant son humide urne,
    La nuit laisse tomber l'ombre triste du soir ;
    Chasse insensiblement l'humble clarté diurne ;
    Et la voûte s'endort sur le pilier tout noir ;

    Le silence entre seul sous l'arceau taciturne,
    L'ogive aux vitraux bruns ne se laisse plus voir ;
    L'autel froid se revêt de sa robe nocturne ;
    L'...

  • Lorsque la douce nuit, comme une douce amante,
    S'avance pas à pas, à la chute du jour,
    S'avance dans le ciel, tendre, timide et lente,
    Toute heureuse d'un fol amour ;

    Lorsque les feux muets sortent du ciel propice,
    Pointillent dans la nuit, discrets, étincelants,
    Eparpillent au loin leurs gerbes d'artifices,
    Dans les espaces purs et blancs ;
    ...

  • Jamais coupe d'opale, où boivent les abeilles,
    Jamais perle d'azur, étoilant nos corbeilles,
    Ou vivant de notre air dans l'air vivant des blés,
    N'ont agi plus longtemps sur mes songes troublés,
    Que ce fantôme noir d'une plante momie,
    Dans son champ souterrain six mille ans endormie.
    Les jeunes soeurs d'hier, opulentes ou non,
    Ont toutes des couleurs,...

  • Il existe un oiseau, dont le pâle plumage,
    Des forêts du tropique étonne la gaieté ;
    Seul sur son arbre en deuil, les pleurs de son ramage
    Font gémir de la nuit le silence attristé.

    Le choeur ailé des airs, loin de lui rendre hommage,
    Insulte, en le fuyant, à sa fatalité ;
    Lui-même se fuirait, en voyant son image
    Poignardé de naissance, il naît...

  • C'était l'heure agréable où le jour qui décline
    Ramène la fraîcheur de la brise marine,
    Où l'on respire en paix : c'était un soir d'été.
    Le soleil semblait fuir avec rapidité,
    Et, prêt à se cacher, le soleil, qui peut-être
    Dans ce funeste jour n'aurait pas dû paraître,
    Éclaira tout à coup d'un rayon solennel
    Le front humilié du jeune criminel.
    Au...

  • La brise émeut les rameaux bruns,
    L'aube déjà blanchit le store ;
    Tout devient rose, c'est l'aurore !
    Le palais s'emplit de parfums.

    L'air du ciel mêle le ramage
    Des fontaines et des oiseaux ;
    Les fleurs de la terre et des eaux
    Offrent au printemps leur hommage...

    Ô feuilles des saules tremblants,
    Vous êtes de l'or fin ! Vous êtes
    ...

  • Une averse a lavé le ciel. Il se fait tard.
    Le creux de la vallée est couvert de brouillard ;
    Mais sur les coteaux clairs luit au loin la feuillée,
    Et le firmament mêle à la forêt mouillée
    Des palpitations de clarté pâle. Amis,
    L'heure est propice : allons, par les bois endormis,
    Dans les champs, au-dessus de la prairie humide,
    Voir Vénus qui se lève à l'...