Moines, vos chants d'aurore ont des élans d'espoir,
Et des bruits retombants de cloche et d'encensoir :
Quand les regards, suivant leur route coutumière,
Montent vers les sommets chercher de la lumière ;
Quand le corps, dégourdi des langueurs du réveil,
Comme un jardin d'été se déplie au soleil ;
Quand le cerveau, tiré des sommeils taciturnes...
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Il gèle et des arbres pâlis de givre clair
Montent au loin, ainsi que des faisceaux de lune ;
Au ciel purifié, aucun nuage ; aucune
Tache sur l'infini silencieux de l'air.
Le fleuve où la lueur des astres se réfracte
Semble dallé d'acier et maçonné d'argent ;
Seule une barque est là, qui veille et qui attend,
Les deux avirons pris dans la glace... -
Comme des objets frêles,
Les vaisseaux blancs semblent posés
Sur la mer éternelle.
Le vent futile et pur n'est que baisers ;
Et les écumes,
Qui doucement échouent
Contre les proues,
Ne sont que plumes ;
Il fait dimanche sur la mer !
Telles des dames
Passent, au ciel ou vers les plages,
Voilures et nuages :
Il fait... -
Dalles au fond des lointains clairs et lacs d'opales,
Pendant les grands hivers, lorsque les nuits sont pâles
Et qu'un autel de froid s'éclaire au choeur des neiges !
Le gel se râpe en givre ardent à travers branches,
Le gel ! - et de grandes ailes qui volent blanches
Font d'interminables et suppliants cortèges
Sur fond de ciel, là-bas, où les minuits... -
A cropetons, ainsi que les pauvres Maries
Des légendes de l'autrefois,
Par villages, sous les cieux froids,
Sont assises les métairies :
Chaumes teigneux, pignons crevés, carreaux fendus,
Souffreteuses et lamentables ;
Le vent siffle, par les étables
Et par les carrefours perdus.
A cropetons, ainsi que les vieilles dolentes,
Avec leurs... -
Le clair jardin c'est la santé.
Il la prodigue, en sa clarté,
Au va-et-vient de ses milliers de mains,
De palmes et de feuilles,
Et la bonne ombre, où il accueille,
Après de longs chemins,
Nos pas,
Verse, à nos membres las,
Une force vivace et douce
Comme ses mousses.
Quand l'étang joue avec le vent et le soleil,
Un coeur... -
Dans le silence et la grandeur des cathédrales,
La cité, riche avait jadis, dressé vers Dieu
De merveilleux autels,, tordus comme des feux
Cuivres, bronzes, argents, cartels, rinceaux, spirales.
Les chefs vainqueurs et leurs soldats
Y suspendaient les vieux drapeaux de guerre ;
Et les autels décorés d'or,
Aux yeux de ceux qui sortaient des combats,... -
Mes doigts, touchez mon front et cherchez, là,
Les vers qui rongeront, un jour, de leur morsure,
Mes chairs ; touchez mon front, mes maigres doigts, voilà
Que mes veines déjà, comme une meurtrissure
Bleuâtre, étrangement, en font le tour, mes las
Et pauvres doigts - et que vos longs ongles malades
Battent, sinistrement, sur mes tempes, un glas,
Un pauvre glas... -
Les menus faits, les mille riens,
Une lettre, une date, un humble anniversaire,
Un mot que l'on redit comme aux jours de naguère
Exalte en ces longs soirs ton coeur comme le mien.
Et nous solennisons pour nous ces simples choses
Et nous comptons et recomptons nos vieux trésors,
Pour que le peu de nous qui nous demeure encor
Reste ferme et vaillant... -
Je suis sorti des bosquets du sommeil,
Morose un peu de t'avoir délaissée
Sous leurs branches et leurs ombres tressées,
Loin du joyeux et matinal soleil.
Déjà luisent les phlox et les roses trémières ;
Et je m'en vais par le jardin, songeant
A des vers clairs de cristal et d'argent
Qui tinteraient, dans la lumière.
Puis tout à coup, je m'en...