Trouant de tes rayons sans nombre
Le feuillage léger,
Soleil,
Tu promènes, comme un berger,
Le tranquille troupeau des ombres
Dans les jardins et les vergers.
Dès le matin, par bandes,
Sitôt que le ciel est vermeil,
Elles s'étendent
Des enclos recueillis et des humbles maisons.
Leur masse lente et mobile
Ornent les toits de...
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I
Pour y tasser le poids de tes belles lourdeurs,
Tes doubles seins frugaux et savoureux qu'arrose
Ton sang, tes bras bombés que lustre la peau rose,
Ton ventre où les poils roux toisonnent leurs splendeurs,
Je tresserai mes vers comme, au fond des villages,
Assis, au seuil de leur maison, les vieux vanniers
Mêlent les osiers bruns et blancs... -
Sur sa butte que le vent gifle,
Il tourne et fauche et ronfle et siffle,
Le vieux moulin des péchés vieux
Et des forfaits astucieux.
Il geint des pieds jusqu'à la tête,
Sur fond d'orage et de tempête,
Lorsque l'automne et les nuages
Frôlent son toit de leurs voyages.
Sur la campagne abandonnée
Il apparaît une araignée
Colossale,... -
Et qu'importent et les pourquoi et les raisons
Et qui nous fûmes et qui nous sommes :
Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons
Qui s'ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes.
Je ne raisonne pas, et ne veux pas savoir
Et rien ne troublera ce qui n'est que mystère
Et qu'élans doux et que ferveur involontaire
Et que tranquille essor... -
Vers une ville au loin d'émeute et de tocsin,
Où luit le couteau nu des guillotines,
En tout-à-coup de fou désir, s'en va mon coeur.
Les sourds tambours de tant de jours
De rage tue et de tempête,
Battent la charge dans les têtes.
Le cadran vieux d'un beffroi noir
Darde son disque au fond du soir,
Contre un ciel d'étoiles rouges.
... -
Longue comme des fils sans fin, la longue pluie
Interminablement, à travers le jour gris,
Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,
Infiniment, la pluie,
La longue pluie,
La pluie.
Elle s'effile ainsi, depuis hier soir,
Des haillons mous qui pendent,
Au ciel maussade et noir.
Elle s'étire, patiente et lente,
Sur les chemins,... -
La nuit d'hiver élève au ciel son pur calice.
Et je lève mon coeur aussi, mon coeur nocturne,
Seigneur, mon c?ur ! vers ton pâle infini vide,
Et néanmoins je sais que tout est taciturne
Et qu'il n'existe rien dont ce coeur meurt, avide ;
Et je te sais mensonge et mes lèvres te prient
Et mes genoux ; je sais et tes grandes mains closes
Et tes... -
L'ombre est lustrale et l'aurore irisée.
De la branche, d'où s'envole là-haut
L'oiseau,
Tombent des gouttes de rosée.
Une pureté lucide et frêle
Orne le matin si clair
Que des prismes semblent briller dans l'air.
On écoute une source ; on entend un bruit d'ailes.
Oh ! que tes yeux sont beaux, à cette heure première
Où nos étangs d'... -
La petite Vierge Marie
Passe les soirs de mai par la prairie,
Ses pieds légers frôlant les brumes,
Ses deux pieds blancs comme deux plumes.
S'en va comme une infante,
Corsage droit, jupes bouffantes,
Avec, à sa ceinture, un bruit bougeant
Et clair de chapelet d'argent.
Aux deux côtés de la rivière
Poussent par tas les fleurs... -
Le crapaud noir sur le sol blanc
Me fixe indubitablement
Avec des yeux plus grands que n'est grande sa tête ;
Ce sont les yeux qu'on m'a volés
Quand mes regards s'en sont allés,
Un soir, que je tournai la tête.
Mon frère ? - il est quelqu'un qui ment,
Avec de la farine entre ses dents ;
C'est lui, jambes et bras en croix,
Qui tourne au loin,...