• Moines, vos chants du soir roulent parmi leurs râles
    Le flux et le reflux des douleurs vespérales.

    Lorsque dans son lit froid, derrière sa cloison,
    Le malade redit sa dernière oraison ;

    Lorsque la folie arde au coeur les lunatiques,
    Et que la toux mord à la gorge les étiques ;

    Lorsque les yeux troublés de ceux qui vont mourir,
    Tout en...

  • Dites, quel est le pas
    Des mille pas qui vont et passent
    Sur les grand'routes de l'espace,
    Dites, quel est le pas
    Qui doucement, un soir, devant ma porte basse
    S'arrêtera ?

    Elle est humble, ma porte,
    Et pauvre, ma maison.
    Mais ces choses n'importent.

    Je regarde rentrer chez moi tout l'horizon
    A chaque heure du jour, en...

  • Égarons-nous, mon âme, en ces cryptes funestes,
    Où la douleur, par des crimes, se définit,
    Où chaque dalle, au long du mur, atteste
    Qu'un meurtre noir, à toute éternité,
    Est broyé là, sous du granit.

    Des pleurs y tombent sur les morts ;
    Des pleurs sur des corps morts
    Et leurs remords,
    Y tombent ;
    Des coeurs ensanglantés d'amour
    ...

  • Roses de juin, vous les plus belles,
    Avec vos coeurs de soleil transpercés ;
    Roses violentes et tranquilles, et telles
    Qu'un vol léger d'oiseaux sur les branches posés ;
    Roses de Juin et de Juillet, droites et neuves,
    Bouches, baisers qui tout à coup s'émeuvent
    Ou s'apaisent, au va-et-vient du vent,
    Caresse d'ombre et d'or, sur le jardin mouvant ;
    ...

  • Sous ce funèbre ciel de pierre,
    Voûté d'ébène et de métaux,
    Voici se taire les marteaux
    Et s'illustrer la nuit plénière,
    Voici se taire les marteaux
    Qui l'ont bâtie, avec splendeur,
    Dans le cristal et la lumière.

    Tel qu'un morceau de gel sculpté,
    Immensément morte, la lune,
    Sans bruit au loin, ni sans aucune
    Nuée autour de sa...

  • Ardeur des sens, ardeur des coeurs, ardeur des âmes,
    Vains mots créés par ceux qui diminuent l'amour ;
    Soleil, tu ne distingues pas d'entre tes flammes
    Celles du soir, de l'aube ou du midi des jours.

    Tu marches aveuglé par ta propre lumière,
    Dans le torride azur, sous les grands cieux cintrés,
    Ne sachant rien, sinon que ta force est plénière
    Et que...

  • Hélas ! les temps sont loin des phlox incarnadins
    Et des roses d'orgeuil illuminant ses portes,
    Mais, si fané soit-il et si flétri - qu'importe ! -
    Je l'aime encor de tout mon coeur, notre jardin.

    Sa détresse parfois m'est plus chère et plus douce
    Que ne m'était sa joie aux jours brûlants d'été ;
    Oh ! le dernier parfum lentement éventé
    Par sa...

  • Par les pays des soirs, au nord de ma tristesse,
    Mous d'automne, le vent se pleure en de la pluie
    Et m'angoisse soudain d'une nuée enfuie,
    Avec un geste au loin d'âpre scélératesse.

    Est-ce la mort qu'annoncerait la prophétesse,
    Au fond de ce grand ciel d'octobre où je m'ennuie
    - Depuis quel temps ? - à suivre un vol d'oiseaux de suie
    Tourner dans l'...

  • Les toits semblent perdus
    Et les clochers et les pignons fondus,
    Dans ces matins fuligineux et rouges,
    Où, feu à feu, des signaux bougent.

    Une courbe de viaduc énorme
    Longe les quais mornes et uniformes ;
    Un train s'ébranle immense et las.

    Là-bas,
    Un steamer rauque avec un bruit de corne.

    Et par les quais uniformes et mornes,
    ...

  • On trouve encor de grands moines que l'on croirait
    Sortis de la nocturne horreur d'une forêt.

    Ils vivent ignorés en de vieux monastères,
    Au fond du cloître, ainsi que des marbres austères.

    Et l'épouvantement des grands bois résineux
    Roule avec sa tempête et sa terreur en eux.

    Leur barbe flotte au vent comme un taillis de verne,
    Et leur...