La nuit est bleue et chaude, et le calme infini...
Roulé dans son manteau, le front sur une pierre,
Joseph dort, le coeur pur, ayant fait sa prière ;
Et l?âne à ses côtés est comme un humble ami.
Entre les pieds du sphinx appuyée à demi,
La vierge, pâle et douce, a fermé la paupière ;
Et, dans l?ombre, une étrange et suave lumière
Sort du petit Jésus...
-
-
Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,
Où dans l'air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d'un soupir
Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l'âme a des... -
L?amour, dont l?autre nom sur terre est la douleur,
De ton sein fit jaillir une source écumante,
Et ta voix était triste et ton âme charmante,
Et de toi la pitié divine eût fait sa soeur.
Ivresse ou désespoir, enthousiasme ou langueur,
Tu jetais tes cris d?or à travers la tourmente ;
Et les vers qui brûlaient sur ta bouche d?amante
Formaient leur rythme... -
Sa robe était de tulle avec des roses pâles,
Et rose pâle était sa lèvre, et ses yeux froids,
Froids et bleus comme l'eau qui rêve au fond des bois.
La mer Tyrrhénienne aux langueurs amicales.
Berçait sa vie éparse en suaves pétales.
Très douce elle mourait, ses petits pieds en croix ;
Et, quand elle chantait, le cristal de sa voix
Faisait saigner au... -
Je n?ai songé qu?à toi, ma Belle, l?autre soir.
Quelque chose flottait de tendre dans l?air noir,
Qui faisait vaguement fondre l?âme trop pleine.
Je marchais, on eût dit, baigné dans ton haleine.
Les souffles qui passaient semblaient rouler dans l?air
Un souvenir obscur et tiède de ta chair.
J?aurais voulu t?avoir près de moi, caressante,
Appuyée à mon bras... -
Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs.
L'espérance a tissé la robe de la terre ;
Et ses vieux flancs féconds, travaillés d'un mystère,
Vont s'entr'ouvrir encor d'une extase de fleurs.
Les temps sont arrivés, et l'appel de la femme,
Ce soir, a retenti par la création.
L'étoile du désir se lève ô vision !
Ô robes qui passez, nonchalantes, dans... -
Oh ! Écoute la symphonie ;
Rien n'est doux comme une agonie
Dans la musique indéfinie
Qu'exhale un lointain vaporeux ;
D'une langueur la nuit s'enivre,
Et notre coeur qu'elle délivre
Du monotone effort de vivre
Se meurt d'un trépas langoureux.
Glissons entre le ciel et l'onde,
Glissons sous la lune profonde ;
Toute mon âme,... -
Partout la mer unique étreint l'horizon nu,
L'horizon désastreux où la vieille arche flotte ;
Au pied du mât penchant l'Espérance grelotte,
Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu.
Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu,
L'Ame assise à la barre, immobile pilote,
Regarde éperdument dans l'ombre qui sanglote
Ses colombes s'enfuir vers... -
Mon coeur est un beau lac solitaire qui tremble,
Hanté d'oiseaux furtifs et de rameaux frôleurs,
Où le vol argenté des sylphes bleus s'assemble
En un soir diaphane où défaillent des fleurs.
La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ;
L'aurore en son cristal baigne ses pieds rosés ;
Et sur ses bords, en d'éternelles harmonies,
Soupire l'orgue des... -
En juillet, quand midi fait éclater les roses,
Comme un vin dévorant boire l?air irrité,
Et, tout entier brûlant des fureurs de l?été,
Abîmer son coeur ivre au gouffre ardent des choses.
Voir partout la vie, une en ses métamorphoses,
Jaillir ; et l?Amour, nu comme la Vérité,
Nonchalamment suspendre à ses doigts de clarté
La chaîne aux anneaux d?or des...