Qui peut vous oublier, blondes filles du Nord,
Au teint pâle, aux yeux bleus, si pures et si belles
Qu'il nous semble toujours qu'aux voûtes éternelles
Comme des séraphins, vous allez prendre essor !
De vos yeux abrités sous vos longs cheveux d'or,
Parfois, à votre insu, sortent des étincelles.
C'est que le feu caché qui couve en vos prunelles
N'a...
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Adieu mes jours enfants, paradis éphémère !
Fleur que brûle déjà le regard du soleil,
Source dormeuse où rit une douce chimère,
Adieu ! L'aurore fuit. C'est l'instant du réveil !
J'ai cherché vainement à retenir tes ailes
Sur mon coeur qui battait, disant : " Voici le jour ! "
J'ai cherché vainement parmi mes jeux fidèles
A prolonger mon sort dans... -
Regarde ! avec amour la terre se couronne ;
Sous les vents attiédis son front rêve et frissonne ;
L'herbe rajeunissante habille le rocher
Où les nids amoureux vont déjà se cacher.
Regarde ! à flots pressés la sève monte et chante.
On voit les bois frémir :
Donne toute ton âme au tableau qui t'enchante,
Ô toi qui dois mourir !
Écoute ! la nuit... -
Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
Se gonfler doucement aux regards du soleil !
Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
L'emplit, on le dirait, de volupté profonde.
Sous les feux d'un soleil invisible et puissant,
Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
Et,... -
La neige au loin couvre la terre nue ;
Les bois déserts étendent vers la nue
Leurs grands rameaux qui, noirs et séparés,
D'aucune feuille encor ne sont parés ;
La sève dort et le bourgeon sans force
Est pour longtemps engourdi sous l'écorce ;
L'ouragan souffle en proclamant l'hiver
Qui vient glacer l'horizon découvert.
Mais j'ai frémi sous d'... -
Amour ! le seul péché qui vaille qu'on se damne,
- En vain dans ses sermons le prêtre te condamne,
En vain dans son fauteuil, besicles sur le nez,
La maman te dépeint comme un monstre à sa fille ;
- En vain Orgon jaloux ferme sa porte, et grille
Ses fenêtres. - En vain dans leurs livres mort-nés,
Contre toi longuement les moralistes crient,
En vain de... -
J'aime d'un fol amour les monts fiers et sublimes !
Les plantes n'osent pas poser leurs pieds frileux
Sur le linceul d'argent qui recouvre leurs cimes ;
Le soc s'émousserait à leurs pics anguleux.
Ni vigne aux bras lascifs, ni blés dorés, ni seigles ;
Rien qui rappelle l'homme et le travail maudit.
Dans leur air libre et pur nagent des essaims d'aigles,... -
J'ai laissé de mon sein de neige
Tomber un oeillet rouge à l'eau.
Hélas ! comment le reprendrai-je
Mouillé par l'onde du ruisseau ?
Voilà le courant qui l'entraîne !
Bel oeillet aux vives couleurs,
Pourquoi tomber dans la fontaine ?
Pour t'arroser j'avais mes pleurs ! -
Connaissez-vous la blanche tombe
Où flotte avec un son plaintif
L'ombre d'un if ?
Sur l'if, une pâle colombe,
Triste et seule, au soleil couchant,
Chante son chant.
Un air maladivement tendre,
A la fois charmant et fatal,
Qui vous fait mal,
Et qu'on voudrait toujours entendre,
Un air, comme en soupire aux cieux
L'ange amoureux... -
Tout amoureux, de sa maîtresse,
Sur son coeur ou dans son tiroir,
Possède un gage qu'il caresse
Aux jours de regret ou d'espoir.
L'un d'une chevelure noire,
Par un sourire encouragé,
A pris une boucle que moire
Un reflet bleu d'aile de geai.
L'autre a, sur un cou blanc qui ploie,
Coupé par derrière un flocon
Retors et fin comme la...