Ô l'ai je dict ? helas ! l'ai je songé ?
Ou si, pour vrai, j'ai dict blaspheme telle ?
Ça, faulce langue, il faut que l'honneur d'elle,
De moi, par moi, desus moy, soit vangé.
Mon coeur chez toi, ô Madame, est logé :
Là donne lui quelque geine nouvelle,
Fais luy souffrir quelque peine cruelle ;
Fais, fais lui tout, fors lui donner congé.
...
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Ores je te veux faire un solennel serment,
Non serment qui m'oblige à t'aimer d'avantage,
Car meshuy je ne puis ; mais un vray tesmoignage
A ceulx qui me liront, que j'aime loyaument.
C'est pour vray, je vivray, je mourray en t'aimant.
Je jure le hault ciel, du grand Dieu l'heritage,
Je jure encor l'enfer, de Pluton le partage,
Où les parjurs... -
"Je sçay ton ferme cueur, je cognois ta constance :
Ne sois point las d'aimer, et sois seur que le jour,
Que mourant je lairray nostre commun sejour,
Encor mourant, de toy j'auray la souvenance.
J'en prens tesmoing le Dieu qui les foudres eslance,
Qui ramenant pour nous les saisons à leur tour,
Vire les ans legers d'un eternel retour,
Le Dieu qui... -
Quand celle j'oy parler qui pare nostre France,
Lors son riche propos j'admire en escoutant ;
Et puis s'elle se taist, j'admire bien autant
La belle majesté de son grave silence.
S'elle escrit, s'elle lit, s'elle va, s'elle dance,
Or je poise son port, or son maintien constant,
Et sa guaye façon ; et voir en un instant
De çà de là sortir mille... -
Quant à chanter ton los par fois je m'adventure,
Sans ozer ton grand nom dans mes vers exprimer,
Sondant le moins profond de ceste large mer,
Je tremble de m'y perdre, et aux rives m'assure ;
Je crains, en loüant mal, que je te face injure.
Mais le peuple, estonné d'ouir tant t'estimer,
Ardant de te cognoistre, essaie à te nommer,
Et, cerchant ton... -
Ou soit lors que le jour le beau Soleil nous donne,
Ou soit quand la nuict oste aux choses la couleur,
Je n'ay rien en l'esprit que ta grande valeur,
Et ce souvenir seul jamais ne m'abandonne.
A ce beau souvenir tout entier je me donne,
Et s'il tire avec soy tousjours quelque douleur,
Je ne prens point cela toutefois pour malheur,
Car d'un tel... -
Si onc j'eus droit, or j'en ay de me plaindre :
Car qui voudroit que je fusse content
Estant loing d'elle ? Et je ne sçay pourtant,
En estant pres, si mon mal seroit moindre.
Ou pres, ou loing, le mal me vient atteindre ;
J'ay beau fuir, en tous lieux il m'attend
Pres, un vif mal ; et puis, loing d'elle estant,
Une langueur, autant ou plus à... -
Quand tes yeux conquerans estonné je regarde,
J'y veoy dedans à clair tout mon espoir escript ;
J'y veoy dedans Amour luy mesme qui me rit,
Et m'y monstre, mignard, le bon heur qu'il me garde.
Mais, quand de te parler par fois je me hazarde
C'est lors que mon espoir desseiché se tarit ;
Et d'avouer jamais ton oeil, qui me nourrit,
D'un seul mot de... -
Quoy ? qu'est ce ? ô vans, ô nuës, ô l'orage !
A point nommé, quand moy d'elle aprochant,
Les bois, les monts, les baisses vois tranchant,
Sur moy, d'aguest, vous passez vostre rage.
Ores mon coeur s'embrase d'avantage.
Allez, allez faire peur au marchant
Qui dans la mer les thresors va cherchant :
Ce n'est ainsi qu'on m'abbat le courage.
... -
Si contre Amour je n'ay autre deffence,
Je m'en plaindray, mes vers le maudiront,
Et apres moy les roches rediront
Le tort qu'il faict à ma dure constance.
Puis que de luy j'endure cette offence,
Au moings tout haut, mes rithmes le diront,
Et nos neveus, a lors qu'ilz me liront,
En l'outrageant, m'en feront la vengeance.
Ayant perdu tout l'...