• Je ne croiray jamais que de Venus sortisse
    Un tel germe que toy. Or ta race j'ay sceu,
    Ô enfant sans pitié : Megere t'a conceu,
    Et quelque louve apres t'a baillé pour nourrisse.

    Petit monstre maling, c'est ta vieille malice,
    Qui te tient acroupi ; aucun ne t'a receu
    Des hommes ny des Dieux que tu n'ayes deceu ;
    Et encor ne se trouve aucun qui te...

  • C'est Amour, c'est Amour, c'est luy seul, je le sens :
    Mais le plus vif amour, la poison la plus forte
    A qui onq pauvre coeur ait ouverte la porte.
    Ce cruel n'a pas mis un de ses traictz perçans,

    Mais arcq, traits et carquois, et luy tout, dans mes sens.
    Encor un mois n'a pas que ma franchise est morte,
    Que ce venin mortel dans mes veines je porte,...

  • Si ma raison en moy s'est peu remettre,
    Si recouvrer asthure je me puis,
    Si j'ay du sens, si plus homme je suis,
    Je t'en mercie, ô bien heureuse lettre.

    Qui m'eust (hélas), qui m'eust sceu recognoistre,
    Lors qu'enragé, vaincu de mes ennuys,
    En blasphemant, Madame je poursuis ?
    De loing, honteux, je te vis lors paroistre,

    Ô sainct papier...

  • J'estois prest d'encourir pour jamais quelque blasme,
    De colere eschaufé, mon courage brusloit,
    Ma fole voix au gré de ma fureur branloit,
    Je despitois les Dieux, et encores Madame,

    Lors qu'elle, de loing, jecte un brefuet dans ma flamme :
    Je le sentis soudain comme il me rabilloit,
    Qu'aussi tost devant lui ma fureur s'en alloit,
    Qu'il me rendoit,...

  • Un Lundy fut le jour de la grande journee
    Que l'Amour me livra : ce jour il fut vainqueur
    Ce jour il se fit maistre et tyran de mon coeur :
    Du fil de ce jour pend toute ma destinee.

    Lors fut à mon tourment ma vie abandonnee,
    Lors Amour m'asservit à sa folle rigueur.
    C'est raison qu'à ce jour, le chef de ma langueur,
    Soit la place en mes vers la...

  • Quand j'ose voir Madame, Amour guerre me livre,
    Et se pique à bon droit que je vay follement
    Le cercher en son regne ; et alors justement
    Je souffre d'un mutin temeraire la peine.

    Or me tiens-je loing d'elle, et ta main inhumaine,
    Amour, ne chomme pas : mais si aucunement,
    Pitié logeoit en toy, tu devois vrayement
    T'ayant laissé le camp, me...

  • Maint homme qui m'entend, lors qu'ainsi je la vante,
    N'ayant oncq rien pareil en nulle autre esprouvé,
    Pense, ce que j'en dis, que je l'aye trouvé,
    Et croit qu'à mon plaisir ces louanges j'invente.

    Mais si rien de son los en sa faveur l'augmente,
    Si de mentir pour elle il m'est oncq arrivé,
    Je consens que je sois de son amour privé ;
    Je consens,...

  • Pardon, Amour, Pardon : ô seigneur, je te voüe
    Le reste de mes ans, ma voix et mes escris,
    Mes sanglots, mes souspirs, mes larmes et mes cris :
    Rien, rien tenir d'aucun que de toy, je n'advoüe.

    Helas ! comment de moy ma fortune se joue !
    De toy, n'a pas long temps, Amour, je me suis ris :
    J'ay failly, je le voy, je me rends, je suis pris ;
    J'ay trop...

  • Je voy bien, ma Dourdouigne, encor humble tu vas :
    De te monstrer Gasconne, en France, tu as honte.
    Si du ruisseau de Sorgue on fait ores grand conte,
    Si a il bien esté quelquefois aussi bas.

    Voys tu le petit Loir comme il haste le pas ?
    Comme desjà parmy les plus grands il se conte ?
    Comme il marche hautain d'une course plus prompte
    Tout à costé...

  • Je tremblois devant elle, et attendois, transi,
    Pour venger mon forfaict quelque juste sentence,
    A moi mesme consent du poids de mon offence,
    Lors qu'elle me dict : " Va, je te prens à merci.

    Que mon loz desormais par tout soit esclarci :
    Emploie là tes ans, et, sans plus, meshuy pence
    D'enrichir de mon nom par tes vers nostre France,
    Couvre de...