• Vous qui aimez encore ne sçavez,
    Ores, m'oyant parler de mon Leandre,
    Ou jamais non, vous y debvez aprendre,
    Si rien de bon dans le coeur vous avez.

    Il oza bien, branlant ses bras lavez,
    Armé d'amour, contre l'eau se deffendre
    Qui pour tribut la fille voulut prendre,
    Ayant le frere et le mouton sauvez.

    Un soir, vaincu par les flos...

  • Toy qui oys mes souspirs, ne me sois rigoureux,
    Si mes larmes à part, toutes mienes, je verse,
    Si mon amour ne suit en sa douleur diverse
    Du Florentin transi les regretz langoureux,

    Ny de Catulle aussi, le foulastre amoureux,
    Qui le coeur de sa dame en chastouillant luy perce,
    Ny le sçavant amour du mi-gregois Properce :
    Ils n'ayment pas pour moy, je n...

  • Amour, lors que premier ma franchise fut morte,
    Combien j'avois perdu encor je ne sçavoy,
    Et ne m'advisoy pas, mal sage, que j'avoy
    Espousé pour jamais une prison si forte.

    Je pensoy me sauver de toy en quelque sorte,
    Au fort m'esloignant d'elle ; et maintenant je voy
    Que je ne gaigne rien à fuir devant toy,
    Car ton traict en fuyant avecques moy j'...

  • Enfant aveugle, nain, qui n'as autre prouësse,
    Sinon en trahison quelque flesche tirer,
    Qui n'as autre plaisir sinon de deschirer
    En cent pieces les coeurs de la folle jeunesse ;

    Le corps sans honte nud si ton pere te laisse,
    Il monstre qu'on se doit loing de toy retirer,
    Qui n'as rien que les coeurs que tu peux attirer
    Par les traistres appas de...

  • Au milieu des chaleurs de Juillet l'alteré,
    Du nom de Marguerite une feste est chomee,
    Une feste à bon droit de moy tant estimee :
    Car de ce jour tout l'an ce me semble est paré.

    Ce beau et riche nom, ce nom vrayment doré,
    C'est le nom bienheureux dont ma Dame est nommée,
    Le nom qui de son los charge la renommee,
    Et qui, maugré les ans, de vivre est...

  • Elle est malaade, helas ! que faut-il que je face ?
    Quel confort, quel remede ? Ô cieux, et vous m'oyez
    Et tandis devant vous, ce dur mal vous voyez
    Oultrager sans pitié la douceur de sa face !

    Si vous l'ostez, cruels, à ceste terre basse,
    S'il faut d'elle là haut que riches vous soyez,
    Au moins pensez à moy et, pour Dieu, m'ottroyez,
    Qu'au moins tout d...

  • J'ay veu ses yeulx perçans, j'ay veu sa face claire ;
    Nul jamais, sans son dam, ne regarde les Dieux :
    Froit, sans coeur me laissa son oeil victorieux,
    Tout estourdy du coup de sa forte lumiere :

    Comme un surpris de nuict aux champs, quand il esclaire,
    Estonné, se pallist si la fleche des cieulx,
    Sifflant, luy passe contre et luy serre les yeulx ;...

  • Où qu'aille le Soleil, il ne voit terre aucune,
    Où les maulx que tu fais ne te facent nommer.
    Mais de toy icy bas qu'en doit l'on presumer,
    Quand de ton pere aussi tu n'as mercy pas une ?

    Ta force en terre, au ciel, par tout le monde est une :
    L'oiseau par l'air volant sent la force d'aimer,
    Et les poissons cachez dans le fond de la mer,
    Et des...

  • Je publiëray ce bel esprit qu'elle a,
    Le plus posé, le plus sain, le plus seur,
    Le plus divin, le plus vif, le plus meur,
    Qui oncq du ciel en la terre vola.

    J'en sçay le vray, et si cest esprit là
    Se laissoit voir avecques sa grandeur,
    Alors vrayment verroit l'on par grand heur
    Les traicts, les arcs, les amours qui sont là.

    A le vanter...

  • Je veux qu'on sçache au vray comme elle estoit armee
    Lors qu'elle print mon coeur au dedans de son fort,
    De peur qu'à ma raison on n'en donne le tort,
    Et de m'avoir failli qu'elle ne soit blasmee.

    Sa douceur, sa grandeur, ses yeulx, sa grace aimee,
    Fut le reng qui premier fit sur moy son effort ;
    Et puis de ses vertus un autre reng plus fort,
    Et...